Afflux de déplacés à Ouagadougou : « Se définir enfin »

Afflux de déplacés à Ouagadougou : « Se définir enfin »

Il est quasiment impossible de voir un débat au Burkina sans les mêmes litanies, les mêmes biais, le même tropisme anti occidental.

Les entreprises françaises pillent l’Afrique (francophone).

Ce n’est pas tout à fait faux. Mais elles ne sont pas les seules. C’est tout le monde qui pille l’Afrique, à commencer par les oligarchies politico-affairistes africaines !
Ces multinationales sont présentes sur tous les continents. Comment se fait-il que c’est uniquement en Afrique qu’elles pillent ?
L’Afrique représente par exemple 20% du CA du groupe Bolloré, mais 80% de ses bénéfices ! Pareille Loi de Pareto n’existe nulle part ailleurs dans le monde !
Mais la France ne représente plus que 17% des échanges commerciaux de l’Afrique…

Quant aux entreprises chinoises, leurs contrats sont tellement opaques qu’on n’a pratiquement aucun élément d’appréciation !
Toutefois, l’appétit des dirigeants africains pour les financements chinois est une piste… 
De plus, les Chinois ont le bon goût de ne jamais se mêler de vos affaires intérieures, de vous laisser voler et réprimer en paix !

Avec 4 000 hommes et les moyens technologiques dont dispose Barkhane, la France devrait éradiquer fissa nos terroristes si elle le voulait !

Ce raisonnement est tout simplement hallucinant. 
D’abord, que ce soit pour l’opération Serval ou l’opération Barkhane, la France a besoin de l’appui américain pour ses OPEX (Opérations extérieures). Ne serait-ce que pour le renseignement satellitaire, les drones de surveillance, le ravitaillement en vol, etc.
Ensuite, 4 000 hommes pour surveiller un territoire plus vaste que l’UE, c’est très peu.

Pour rappel, le bilan de 16 ans de guerre antiterroriste de l’OTAN et des USA en Afghanistan, c’est :

- 100 000 hommes envoyés sur place au plus fort du conflit,
- 2 400 GI morts,
- 20 000 GI blessés,
- 840 milliards de dollars…
L’OTAN a déjà « « fraya depuis longtemps. Et les américains s’apprêtent à quitter le navire avec leurs 8 400 hommes encore sur place, en disant au gouvernement afghan de négocier avec les Talibans !!!
Bref, démerdez-vous !

Les Français, et avec eux l’UE savent parfaitement qu’ils sont incapables d’éradiquer les narco-djihadistes au Sahel. Leur seule ambition, c’est le containment. Circonscrire le problème chez nous afin qu’ils ne puissent pas un jour, à l’image d’Al-Qaïda ou de Daesh, commanditer des attentats terroristes chez eux depuis leur base arrière du Sahel !

On peut débattre encore pendant des siècles sur le rôle et les responsabilités des occidentaux dans nos malheurs. Mais cela ne répondra jamais à la seule question qui vaille : Sommes-nous toujours réduits en esclavage ou avons-nous décidé nous-mêmes de le demeurer ?

Les médias de propagande occidentale (RFI, France24)

De fait, aucun média n’est neutre. Et surtout pas des médias ouvertement d’influence comme ceux de l’audiovisuel extérieur de la France.
L’audiovisuel extérieur, c’est la voix de la France dans le monde. La France, qui n’est jamais en reste en matière d’affichage d’ambition dont elle ne se donne pas vraiment les moyens, entend faire bonne figure en face des poids lourds de l’information mondiale. Avec cet objectif qui se décline comme un cliché : créer une CNN « à la française ».

Pour bien faire, on a créé un holding unique regroupant la télévision francophone TV5Monde, la Radio internationale RFI -la seule radio mondiale francophone diffusant en 19 langues-, et à présent France 24. Ce holding n’était d’ailleurs pas tout à fait du goût des partenaires de TV5, la Belgique, la Suisse, et le Canada, qui se sont alarmés de voir leur chaîne se perdre « dans une usine à gaz franco-française ».

Cependant, force est de constater que lorsque quelque chose de grave se passe dans l’un de nos pays, ce sont ces chaînes qui permettent d’avoir l’information en temps quasi réel et non nos médias locaux !

Or selon la théorie du « mort kilométrique », que l’on enseignait autrefois dans les écoles de journalisme, « … pour déterminer l’intérêt que les médias peuvent porter à un événement, en fonction de la proximité du lieu où il survient. Et le « mort kilométrique » s’apprécie par rapport à l’aire géographique que couvre le média pour lequel travaille le journaliste qui écrit ou s’exprime. Ainsi, si une personne décède dans la maison voisine de votre domicile, vous vous sentirez forcément plus concerné que si cinq personnes venaient à mourir dans une maison située à l’autre bout de la ville. Cela ne signifie pas que la vie de votre voisin valait mieux que celles des cinq personnes du bout de la ville. »(Jean-Baptiste Placca, « Notre-Dame de Paris veille sur le lac Kivu », 20 avril 2019, RFI).

Ces médias font donc ce qu’ils ont à faire. Aux nôtres de faire le leur au lieu de servir de chambre d’écho de règlements de comptes politiciens et de diffuseurs de faits divers !

A propos des réfugiés intérieurs

« Nous ne pouvons juste pas sommer les autres de pleurer avec nous, ni de pleurer à notre place nos propres morts que nous pleurons parfois à peine.
Vouloir forcer la compassion pour les nôtres est un sentiment quelque peu malsain, qui avoisine l’envie.

Un drame vous frappe, faites-y face, et laissez les autres décider de la façon dont, éventuellement, ils pourraient s’associer à votre malheur. 
Mais leur rappeler qu’ils ne peuvent vous ignorer, sous prétexte que vous avez vu combien ils ont versé de larmes pour Paris, manque de décence. Et d’élégance. »
Jean-Baptiste Placca
« Notre-Dame de Paris veille sur le lac Kivu » 20 avril 2019, RFI.

A combien de kilomètres de votre cœur se trouvent les déplacés du Soum et du Sahel en général ?

L’État doit-il être le seul à leur montrer que nous sommes ensemble ? Qu’ils font partie de la famille Burkina ? 
Nous avons là l’occasion de montrer que charité bien ordonnée commence par soi-même, que nous sommes capables de faire ce que nous exigeons des autres.
Occupons-nous de nos frères et sœurs déplacés. L’État fera sa part. Nos amis aussi.

De fait, toutes les puissances, tous les pays développent leur pensée stratégique, leur doctrine. Mieux, ils ont même tous leur “Politique africaine” !
L’Algérie, le Maroc et l’Afrique du Sud par exemple ont leur doctrine et leur “Politique africaine”…

Et nous ? Quelle est notre doctrine stratégique ? Notre politique africaine ? Notre politique internationale ? Notre politique de la France, de l’Europe, de l’Amérique, de la Chine, des monarchies du Golf ?

Maix.

Otapuanu et Doofu : Les boys font proprement le job…

Otapuanu et Doofu : Les boys font  proprement le job…

Depuis 2016, le Burkina Faso est dans l‘œil du cyclone des terroristes. L’hydre terroriste tisse progressivement sa toile. Les attaques ne sont plus confinées à la partie septentrionale du pays. Les différentes régions sont touchées d’une façon ou d’une autre. Mais loin de céder à la fatalité, les Burkinabè ont décidé de faire face au terrorisme avec honneur et dignité.

Dans ce registre, il faut saluer comme cela se doit les opérations OTAPUANU à l’Est et DOOFU au Nord à travers lesquelles les Forces de Défense et de Sécurité (FDS) mettent l’ennemi en déroute. C’est un combat patriotique et républicain. Quand la patrie est en danger, nous devons tous répondre présents sans calcul égoïste. La détermination des FDS et les succès déjà engrangés redonnent espoir. Ce n’est pas un triomphalisme béat. Le Burkina Faso vaincra les forces du mal. A coup sûr !

19 morts. 13 blessés. C’est le bilan officiel de la dernière attaque perpétrée par les terroristes le 09 juin dernier à Arbinda. La commune d’Arbinda est située dans la région du Sahel, à 90 km de Djibo, chef-lieu de la province du Soum , localité située à plus de 210 Km de Ouagadougou. La localité est également frontalière avec le Mal. Pour faire le maximum de victimes, les assaillants ont décidé de frapper un jour de marché.

Depuis 2016, le bilan macabre des attaques terroristes ne cesse de s’alourdir tant du côté des populations civiles que des FDS. Les images des Burkinabè fuyant les zones attaquées pour se réfugier dans des endroits relativement plus paisibles sont particulièrement affligeantes pour un pays qui a pendant longtemps été un havre de paix. Comment comprendre pareille situation ?

Les attaques terroristes contre le Burkina Faso sont en partie dues à sa proximité avec son voisin septentrional, le Mali. Le cancer de ce dernier, toujours loin d’être soigné, a produit des métastases de l’autre côté de ses frontières. Les terroristes reprochent aussi au pays de fournir des casques bleus à la mission des Nations unies au Mali, d’offrir l’hospitalité à certaines forces spéciales ou encore d’être engagé dans le G5 Sahel dont le Président Roch KABORE assure la Présidence en exercice.

Le refus des autorités actuelles de permettre aux terroristes de se servir du Burkina Faso comme base arrière pour perpétrer leur sale besogne ailleurs lui vaut également les représailles de ces groupes qui ne supportent pas ce « crime » de « lèse terroriste ». Il est de notoriété publique que certains d’entre eux bénéficiaient allègrement du gîte et du couvert au Burkina Faso par le passé. Les temps ont changé. Une nouvelle dynamique est en cours au pays des hommes intègres.

Montée en puissance et… feu !

Si les FDS ont été quelque peu prises de court par les attaques du 15 janvier 2016, elles sont, depuis montées en puissance. L’efficacité de la coordination dans la lutte contre le terrorisme est de plus en plus manifeste. Le changement opéré au niveau du ministère de la Défense et de l’Etat-Major Général des Armées y a beaucoup contribué. Le tandem Chériff Sy-Général Moise Miningou produit des résultats.

L’offensive générale lancée contre les terroristes se déroule à travers deux opérations d’envergure : OTAPUANU à l’Est et DOOFU au Nord. Il était grand temps car le désespoir avait commencé par gagner nombre de Burkinabè. La particularité de ces opérations, c’est qu’elles répondent réellement aux aspirations des populations. Nous avons effectué récemment une tournée dans ces régions où les FDS sont déployées.

Les populations se réjouissent de la présence de l’armée à leurs côtés. Cette présence rassurante et agissante incite de plus en plus de citoyens à collaborer avec les FDS en dénonçant tout acte ou tout regroupement suspect. L’opération OTAPUANU a été déclenchée depuis le 07 mars 2019 sur instruction du Chef Suprême des Forces Armées Nationales. OTAPUANU, qui signifie en langue Gulmanchema « pluie de feu ou foudre », a été conduite par l’Etat-Major Général des Armées.

A cet effet, les Forces Armées Nationales en coordination avec les Forces de Sécurité intérieure se sont déployées dans les régions du Centre-Est et de l’Est. L’objectif principal de cette opération était de restaurer l’autorité de l’Etat dans cette partie du pays où les populations étaient quotidiennement sous la menace des groupes terroristes et des groupes criminels de tout genre. L’opération OTAPUANU est ponctuée par une phase de reconnaissance offensive, une phase de stabilisation de la zone, une phase de consolidation.

A l’appel du CEMGA, les Officiers, Sous-Officiers, Militaires du Rang et les Forces de sécurité intérieure sont montés à l’EST et au Centre EST, conformément à l’esprit de sacrifice qui caractérise le militaire. Ils ont été rejoints par le contingent du Bataillon Badenya 6 rentré du Mali pour la circonstance. Alors que l’opération OTAPUANU se consolide dans les régions de l’Est et du Centre-est, les forces armées sont engagées dans une nouvelle opération dénommée Doofou (déraciner en fulfulde) au Nord.

Les différents efforts ont permis aux FDS d’arrêter ou de neutraliser des centaines de terroristes. La traque se poursuit. Même si le Général de brigade Moise Miningou félicite et encourage ses hommes pour leur « dévouement soutenu et continu », il reconnait avec lucidité qu’il faut redoubler d’ardeur. Dans cette guerre asymétrique en effet, l’ennemi change constamment de visage et de stratégie.

Après les attaques contre les FDS, les terroristes s’attaquent à présent ouvertement à des communautés religieuses afin de mettre en péril l’unité nationale, la cohésion sociale et le vivre ensemble qui ont toujours caractérisé le Burkina Faso. La bataille sera donc rude et de longue haleine. Des réponses globales, coordonnées et systématiques sont nécessaires au plan national et international.

Traquer les terroristes jusqu’à leur dernier retranchement

A l’échelle nationale, il y a lieu de renforcer l’équipement et la formation des FDS. Les Forces Armées Nationales ont toujours su faire preuve de professionnalisme sur les différents théâtres d’opération. Ce n’est pas pour rien qu’elles sont régulièrement félicitées et citées en exemple au niveau des missions de maintien de la paix. Le défi dans ce contexte sécuritaire préoccupant est de continuer à protéger les populations, les personnes et les biens et défendre l’intégrité du territoire dans le strict respect des droits humains et du droit international humanitaire.

Ces modules sont enseignés dans tous les centres de formation militaire au Burkina Faso. La hiérarchie veille à leur application. En cas de bavure (il en existe dans toutes les armées du monde), les contrevenants sont sanctionnés conformément à la discipline militaire. En dépit des incessantes attaques, force est de reconnaitre que les FDS s’évertuent à rester républicaines.

Les opérations de sécurisation du territoire sont menées en respectant le principe de la gradation de la force que sont successivement le simple contrôle, l’interpellation, l’arrestation et la neutralisation en cas de nécessité. A titre d’exemple, il y a à ce jour environ 700 présumés terroristes détenus dans les prisons de haute sécurité. C’est à l’honneur de l’armée. Des organisations comme human rigths watch doivent se le tenir pour dit.

Il faut aussi et surtout disposer d’un système de renseignement adéquat. 27 ans durant, le système de renseignement de ce pays a reposé plus sur des individus que sur des institutions. Avec les nouvelles menaces, le Burkina Faso se retrouve le dos au mur avec un système de renseignement totalement exsangue. Il faut tout rebâtir.

Conscient de cette nécessité, le Président du Faso, a, à travers le décret N°2018-0566/PRES promulgué la loi N°026-2018/AN du 1er juin 2018 portant règlementation générale du renseignement au Burkina Faso.

Cette loi consacre l’Agence Nationale de renseignement (ANR) comme organe de coordination du renseignement. L’institution pilotée par le Colonel-major de Gendarmerie François de Salles OUEDRAOGO joue un rôle déterminant en matière de sécurité et de sûreté de l’Etat. On se rappelle encore de l’opération du 22 mai 2018 menée par l’Unité spéciale d’intervention de la Gendarmerie nationale (USIGN) qui a permis de démanteler le réseau terroriste de Rayongo.

La contribution de l’ANR a été décisive pour parvenir à cet éclatant succès. Tous les jours que Dieu fait, le renseignement éclaire bien des décisions pour le bonheur des Burkinabè. En matière justement de renseignement, les populations doivent nécessairement collaborer. Toute information sur des personnes suspectes, doit être signalée aux FDS directement ou par téléphone(16,17,1010 ).

Enfin, les valeurs socioculturelles d’entraide, de fraternité, de coexistence pacifique nonobstant la pluralité ethnique et linguistique doivent être préservées. C’est elles qui font le socle du Burkina Faso. Les leaders religieux et coutumiers sont interpellés à ce niveau. Ils doivent être des artisans de paix en promouvant le dialogue interreligieux, en rejetant la stigmatisation et toute forme de radicalisation.

Les efforts nationaux doivent, au plan international, s’accompagner d’une diplomatie active pour maintenir et élargir le cercle des pays amis du Burkina Faso à même de l’aider à lutter efficacement contre le terrorisme. Ici, la realpolitique s’impose.

Sémantiquement, Otapuanu et Doofu sont de belles trouvailles. La lutte contre le terrorisme est aussi une bataille idéologique, une bataille des symboles. Avec la foudre et le feu, les terroristes seront déracinés, réduits à néant. Qu’en conclure donc ? FDS, go ! go ! go !

Jérémie Yisso BATIONO
Enseignant chercheur
Ouagadougou

Prytanée Militaire de Kadiogo : Résultats du concours d’entrée en classe de 6ème

Prytanée Militaire de Kadiogo : Résultats du concours d’entrée en classe de 6ème

Le Ministre de la Défense Nationale et des Anciens Combattants communique :

Sous réserve de contrôles approfondis, les candidats et candidates ayant pris part au concours d’entrée en classe de 6ème au Prytanée Militaire de Kadiogo, session 2019, dont les noms suivent, sont déclarés admissibles.

Ce sont :

Trouvez les résultats en pièce jointe

Les candidats admissibles et ceux de la liste d’attente sont invités à se présenter au Prytanée Militaire de Kadiogo sis à Kamboincin le dimanche 14 juillet 2019 à 15h00mn pour le regroupement en vue de la visite médicale d’aptitude et les épreuves sportives qui auront lieu du lundi 15 au samedi 19 Juillet 2019.

Tous les résultats seront affichés dans les Directions Régionales de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation (DRENA), dans les Directions Provinciales de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation (DPENA) et dans les différents centres de dépôt des dossiers du concours.

L’admission définitive ne sera prononcée qu’à l’issue de la visite médicale d’aptitude.

Ouagadougou, le 06 Juin 2019

Moumina Cheriff SY
Grand-Croix de l’ordre de l’Etalon

Compte rendu du Conseil des ministres du jeudi 13 juin 2019

Compte rendu du Conseil des ministres du jeudi 13 juin 2019

Le Conseil des ministres s’est tenu à Ouagadougou, le jeudi 13 juin 2019, en séance ordinaire, de 09 H 00 mn à 11 H 20 mn, sous la présidence de Son Excellence Monsieur Roch Marc Christian KABORE, Président du Faso, Président du Conseil des ministres. Il a délibéré sur les dossiers inscrits à son ordre du jour, entendu des communications orales, procédé à des nominations et autorisé des missions à l’étranger.

I. DELIBERATIONS

I.1. AU TITRE DE LA REFORME DES INSTITUTIONS ET DE LA MODERNISATION DE L’ADMINISTRATION, LE CONSEIL A ADOPTE TROIS (03) RAPPORTS. 

I.1.1. Pour le compte du ministère de la Justice :

– un rapport relatif au bilan de la mise en œuvre du plan d’action national de lutte contre l’apatridie au Burkina Faso, 2017-2024.

La mise en œuvre du plan d’action national de lutte contre l’apatridie dans notre pays a permis au Gouvernement, appuyé par ses partenaires techniques et financiers, de faire découvrir ce phénomène et d’engranger des acquis. Il s’agit de l’adhésion de notre pays à la Convention des Nations Unies du 30 août 1961 sur la réduction des cas d’apatridie par le dépôt des instruments de ratification le 03 août 2017, la délivrance massive de 177 242 actes de naissance et de jugements d’actes de naissance de 2017 à 2018, la délivrance de 172 990 certificats de nationalité burkinabè, la réalisation d’une étude préliminaire sur l’apatridie et les risques d’apatridie dans les régions du Sahel, de l’Est, de la Boucle du Mouhoun, des Hauts-Bassins et du Centre ainsi que la formation des acteurs.

Les données de l’étude ont révélé que le degré d’apatridie ou le risque d’apatridie varie en fonction des régions et la région du Sahel est la plus affectée par ce phénomène.

Au regard de ces résultats, le Conseil a marqué son accord pour les nouveaux engagements forts qui seront présentés à Genève. Il s’agit notamment de :

– reformer la loi sur la nationalité et l’Etat civil pour les purger des lacunes pouvant être sources d’apatridie ;

– mettre en place une loi sur le statut d’apatride ;

– prendre un décret d’application précisant la détermination du statut d’apatride au Burkina Faso.

La mise en œuvre de ces engagements forts sera soutenue par le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR).

I.1.2. Pour le compte du ministère de l’Education nationale, de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales :

– un rapport d’étape du Projet de Formation des Enseignants et Conseillers pédagogiques de l’Enseignement et la Formation techniques et professionnels (FECOP/EFTP).

Ce projet vise à mettre à la disposition des structures de l’Enseignement et la Formation techniques et professionnels 206 enseignants et 07 conseillers pédagogiques de l’enseignement secondaire dans au moins 41 spécialités de l’Enseignement et la Formation techniques et professionnels.

Pour la bonne exécution de ce projet, il reste à mobiliser pour l’année 2019, un financement de trois milliards cent soixante-seize millions trois cent dix mille neuf cent soixante un (3 176 310 961) F CFA.

Le Conseil a instruit les ministres en charge du dossier de prendre les dispositions idoines pour poursuivre les négociations avec la coopération Autrichienne et le Grand-Duché du Luxembourg, parties prenantes, afin de mobiliser les ressources financières nécessaires devant permettre la bonne conduite à terme du Projet FECOP/EFTP.

I.1.3. Pour le compte du ministère de l’Economie, des finances et du développement :

– une ordonnance portant autorisation de ratification de la convention CBF 1301 01U conclue le 12 mars 2019 à Ouagadougou entre le Burkina Faso et l’Agence française de développement (AFD) pour le financement du Projet régional interconnexion électrique (Projet Dorsale Nord) pour un montant de 30 millions d’euros.

Ce projet qui s’inscrit dans le cadre du système d’Echange d’énergie électrique ouest africain (EEEOA) permettra au niveau de notre pays :

– la construction de 381 km de ligne 330 Kv et 24 Km de ligne 225 kv pour relier la frontière nigérienne au poste de transformation de Ouaga-Est et assurer la liaison Ouaga-Est, Ouaga Sud-Est et le raccordement à la ligne Ouaga-Bolgatanga en 225 Kv ;

– la construction des postes de Ouaga-Est et Sud-Est pour renforcer les infrastructures de transport autour de Ouagadougou ;

– l’électrification des villages de 500 à 2 500 habitants situés sur une bande de 10 km entourant le tracé de la ligne.

Ces réalisations permettront à notre pays d’accroître l’offre d’énergie à travers l’importation de 150 MW dès 2022 et de connecter au réseau SONABEL environ 100 mille habitants de 150 localités.

Le Conseil a marqué son accord pour la ratification de la convention CBF 1301 01U conclue le 12 mars 2019 à Ouagadougou entre le Burkina Faso et l’Agence française de développement (AFD).

I.2. AU TITRE DU DEVELOPPEMENT DU CAPITAL HUMAIN, LE CONSEIL A ADOPTE

Pour le compte du ministère de la Santé :

– un rapport relatif à la finalisation de la contractualisation du dossier d’acquisition de 300 ambulances au profit du ministère de la Santé, conformément à la délibération du Conseil des ministres du 12 septembre 2018.

Le Conseil a marqué son accord pour la conclusion du marché avec le partenaire Fidelis Finance pour un montant de quatorze milliards cent trente-quatre millions cinq cent quarante-trois mille quatre cent soixante-onze (14 134 543 471) F CFA, pour l’acquisition de 262 ambulances de type A, de 30 ambulances de type B et de 08 ambulances de type C.

Ces acquisitions permettront de doter l’ensemble des communes du Burkina Faso en ambulances équipées et les villes de Ouagadougou et Bobo-Dioulasso en ambulances de type SAMU.

II. COMMUNICATIONS ORALES

II.1. Le ministre de l’Enseignement supérieur de la recherche scientifique et de l’innovation a informé le Conseil de l’organisation de la session 2019 du baccalauréat du 21 juin au 09 juillet 2019.

Pour cette session 110 508 candidats au total dont 40,74% de filles, sont inscrits dans 412 jurys.

Le lancement officiel aura lieu le 21 juin à Koudougou dans la région du Centre-Ouest.

Le plus jeune candidat de cette session âgé de 14 ans est inscrit à Boussé dans la province du Kourwéogo.

II.2. Le Secrétaire général du gouvernement et du Conseil des ministres a informé le Conseil de la tenue de la 27ème session de l’Assemblée générale des sociétés d’Etat.

Prévue pour se tenir les 20 et 21 juin 2019, cette session est placée sous la présidence de Son Excellence Monsieur Roch Marc Christian KABORE, Président du Faso.

III. NOMINATIONS

III.1. NOMINATIONS DANS LES FONCTIONS INDIVIDUELLES

AU TITRE DU MINISTERE DE L’INTEGRATION AFRICAINE ET DES BURKINABE DE L’EXTERIEUR

– Monsieur Jonas SAWADOGO, Mle 47 517 E, Conseiller pédagogique de l’enseignement secondaire, 1ère classe, 9ème échelon, est nommé Chargé de missions ;

– Monsieur Mohamed ZIGANE, Mle 78 684 N, Ministre plénipotentiaire, est nommé Responsable du Programme « Pilotage et soutien », cumulativement avec ses fonctions de Directeur général des études et des statistiques sectorielles ;

– Monsieur Oumarou GANOU, Mle 59 723 N, Conseiller des affaires étrangères, 1ère classe, 8ème échelon, est nommé Responsable du Programme « Intégration africaine », cumulativement avec ses fonctions de Directeur général de l’intégration africaine ;

– Monsieur Dubanwiéké Bérésan Désiré KOBIE, Mle 256 073 M, Ingénieur des travaux informatiques, 1ère classe, 2ème échelon, est nommé Directeur des services informatiques.

III.2. NOMINATIONS DANS LES CONSEILS D’ADMINISTRATION 
MINISTERE DES MINES ET DES CARRIERES

Le Conseil a adopté un décret portant nomination de Monsieur Hyacinthe OUATTARA, Adjudant-Chef, Membre de la Brigade nationale anti-fraude de l’or (BNAF) au titre du ministère de la Défense nationale et des anciens combattants, pour un premier mandat de trois (03) ans, pour compter du 16 juillet 2018, à titre de régularisation.

Pour le Ministre de la Communication et des relations avec le Parlement

Porte-parole du gouvernement, en mission

Le Ministre de la Culture, des arts et du tourisme

assurant l’intérim

LONAB: Il faut arrêter « le pillage à ciel ouvert »

A

SEM. Roch Marc Christian KABORE

Président du Faso, Chef de l’Etat

Objet : La mal gouvernance à la Loterie Nationale Burkinabè (LONAB ): L’arrosoir de la République va tomber la République

Excellence Monsieur le Président du Faso

Nous voudrions nous référer à notre lettre ouverte qui vous a été adressée le 26 décembre 2018, par laquelle nous attirions votre très haute attention sur la mal gouvernance en cours à la Loterie Nationale Burkinabè (LONAB) en vous proposant des corrections et des mesures à prendre pour sauver l’entreprise et appliquer l’équité et la justice pour tous les Burkinabè dans son organisation et son fonctionnement.

N’ayant pas été entendus jusqu’à ce jour et comme la LONAB est notre bien commun, nous nous permettons de vous réitérer les mesures et corrections pertinentes à apporter sans délai dans la gouvernance de ladite entreprise. D’ailleurs ne dit-on pas que « la répétition est pédagogique » ? Et nous avons besoin d’être entendus et compris sur ce qui suit afin d’arrêter « le pillage à ciel ouvert » des ressources financières de cette entreprise stratégique pour le développement économique et social de notre pays:

  • Suspendre le Conseil d’Administration de la LONAB ;
  • Mettre en lieu et place de la Direction de la LONAB, un Comité provisoire de gestion ;
  • Faire un audit indépendant de la LONAB ;
  • Rapporter la décision de changer la charte graphique avec la Calebasse et conserver le Canari d’origine, image de bonheur et de succès ;
  • Rouvrir les clubs PMUB fermés arbitrairement à travers le territoire national malgré les injonctions du gouvernement et de l’Autorité Supérieure de Contrôle d’Etat et de Lutte contre la Corruption (ASCE/LC).

Pour vous en convaincre, en plus de la présentation des faits avérés qui a été faite sur la LONAB dans notre lettre du 26 décembre 2018, nous voudrions, en outre, apporter à votre très haute attention, ce qui suit, :

Le rapport 2017 de l’Autorité Supérieure de Contrôle d’Etat et de Lutte contre la Corruption (ASCE-LC) qui vous été remis le 4 janvier 2019 révèle des irrégularités et des malversations qui sont intervenues dans l’acquisition de terminaux de prises de paris depuis 2015 pour un montant de près de deux milliards (2.000.000.000 Fcfa) sans aucun contrat et en ne respectant pas les dispositions du manuel de procédures et de réglementation sur les achats publics.

Ce qui clairement a dû permettre le favoritisme dans la sélection du fournisseur, CM3, et la surfacturation probable des prestations de ce dernier dont les fruits ont été certainement rétrocédés aux acteurs de l’opération dont les comptes bancaires ont subitement grossi sans justifications. D’ailleurs, les machines commandées ont été livrées non pas à l’entreprise LONAB mais au nom d’un agent de la LONAB dont le compte privé a servi pour le transit des paiements des factures.

L’ASCE/LC recommande à la Direction de la LONAB de formaliser dans les meilleurs délais l’acquisition des terminaux par un contrat à ordre de commande, ou le cas échéant, de reprendre entièrement la procédure d’achat de l’équipement.

Le même rapport souligne aussi que des Clubs PMUB régulièrement autorisés à exercer leurs activités ont aussi été fermés d’autorité depuis juin 2016 du fait de conflits d’intérêts, de favoritisme et de concurrence déloyale avérés entre certains agents de la LONAB, eux-mêmes tenanciers de Clubs, et des promoteurs réguliers de Clubs.

A cet effet, rappelons ce que dit l’article 94 des Statuts du Personnel de la LONAB : « l’agent doit toute son activité professionnelle à l’entreprise. Il lui est interdit d’exercer une autre activité susceptible de concurrencer ou de nuire à celle de la Loterie Nationale. L’agent encourt une sanction pouvant aller jusqu’au licenciement s’il est démontré qu’il a favorisé une entreprise où il possède des intérêts au détriment de la Loterie Nationale ». Et pourtant sur le terrain, un certain nombre d’agents, indélicats et pas des moindres dans la hiérarchie des responsabilités au sein de l’entreprise, disposent de Clubs PMUB ouverts en leurs noms ou au nom de leurs proches. D’ailleurs, il est à noter que même dans les dernières autorisations d’ouverture de kiosques, données par tirage au sort devant huissiers, des membres du personnel ont été attributaires dans les localités de Zagtouli, Fada et Koudougou, entre autres.

Soulignons que les anciens gérants de Clubs PMUB, membres du personnel de la LONAB ou non, ont obtenu l’autorisation pour l’ouverture et la gestion de leurs Clubs dans les mêmes conditions que celles de 2015 et 2016 et au plan strictement du droit, l’on ne peut décider de fermer certains Clubs en établissant de nouvelles conditions à cette fin et en même temps continuer d’ouvrir de nouveaux Clubs.

Pour réparer l’injustice commise et insupportable, l’ASCE/LC a exigé la réouverture sans délai des nouveaux Clubs régulièrement ouverts conformément au cahier des charges de la LONAB et fermés en juin 2016.

Pour apporter plus de transparence dans la gestion des finances de la LONAB, l’ASCE/LC recommande que le Directeur général mette à contribution les Commissaires aux Comptes en exigeant d’eux toutes les prestations liées à leurs attributions. Dans la même optique, l’ASCE/LC demande que le Directeur Général veille au respect strict du manuel de procédures en vigueur et le cas échéant, qu’il procède à sa relecture.

Le plus ahurissant dans le rapport en votre possession, est le constat que la LONAB ne dispose pas de délibérations de son Conseil d’Administration définissant les seuils de pouvoirs d’approbation des marchés pour le Directeur Général, le Président du Conseil d’Administration et le Conseil d’Administration conformément au décret de 2008. D’où la recommandation de l’ASCE/LC à la direction générale de la LONAB d’élaborer et de faire adopter sans délai par le Conseil d’Administration d’une délibération fixant les seuils de pouvoirs des différentes instances de la LONAB afin de limiter les abus et le désordre actuellement observés.

C’est même une grande urgence. En effet, il est donné de constater, que le Président du Conseil d’Administration et le Directeur général de la LONAB, « les arroseurs de la République » signent des conventions d’assistance et d’appui souvent arrangés avec des responsables de structures et même d’Institutions de premier rang pour obtenir leurs accompagnements et leur silence complice dans certains actes délictueux.

Et comme résultats des courses de toutes ces gabegies, les Commissaires au Compte pourraient, en professionnels consciencieux, ne pas certifier, ou certifier avec des réserves, les Comptes de la LONAB de l’année 2018. Ceci indique à suffisance que la gestion de la LONAB revêt des manquements sérieux et importants.

Le Burkina Faso étant une savane où tout se sait ou finit par se savoir, un certain nombre de scandales finiront par éclater et éclabousser nombre de responsables de haut de niveau, et l’ampleur des scandales fera tomber indubitablement la République.

D’ailleurs, il est de notoriété publique que le Directeur général avec qui vous avez des relations familiales et affectueuses est un des hommes forts du régime.  Nommé le 3 mai 2017 à la tête de la LONAB, il a dépassé largement les 60 ans pour faire valoir ses droits à la retraite, depuis le 28 février 2019.

Le Directeur général, Monsieur Simon Touwendé  TARNAGDA, se targue de dire à qui veut l’entendre et il l’a répété le 6 février 2018 aux promoteurs de Clubs PMB  pour lesquels il s’est investi  à faire fermer autoritairement et sans raisons objectives et je le cite : « Même Roch qui m’a nommé ne peut  pas m’obliger à vous recevoir et me contraindre à ouvrir les kiosques» et d’ajouter  «Même si tu veux, il faut aller chez Roch, il n’y aura rien ».

Ainsi, la LONAB est une République dans la République et votre autorité est atteinte.

Répétons à nouveau le mathématicien Albert EINSTEIN : « Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire ».  Cette citation s’applique bien à vous et au Burkina Faso.

Veuillez agréer, Excellence Monsieur le Président du Faso, l’assurance de notre très haute et respectueuse considération.

Que Dieu bénisse le Burkina Faso.

« Rien n’arrête une idée arrivée à son heure »

Le Président

Dr Ablassé OUEDRAOGO

Commandeur de l’Ordre National

Plaidoiries du procès du putsch : Trois accusés passés au crible par la partie civile

Plaidoiries du procès du putsch : Trois accusés passés au crible  par la partie civile

Les plaidoiries de la partie civile dans le cadre du procès du coup d’État ont continué ce 12 juin 2019 au tribunal militaire. Trois avocats, se fondant sur les faits impliquant des accusés, ont demandé au président de les déclarer coupables et de leur appliquer toute la rigueur de la loi.

L’une des plaidoiries de la journée aura été celle de Me Séraphin Somé. Pendant plus d’une heure de temps, il a démontré la culpabilité de certains accusés. À titre d’exemple, pour :
- Adama Ouédraogo dit Damiss, poursuivi pour complicité d’attentat à la sûreté de l’État.

Pendant que l’accusé a soutenu lors de sa comparution que c’est sa curiosité journalistique qui l’a conduit au camp Naba-Koom dans la nuit du 16 au 17 septembre 2015, Me Somé a tenté de prouver le contraire. Pour lui, le journaliste n’était pas en ces lieux à la recherche d’informations, mais parce qu’il était partie intégrante du coup. Il rappelle d’ailleurs la déclaration du présumé cerveau, Me Gilbert Diendéré, qui, devant le juge lors de l’instruction, a indiqué que c’est Adama Ouédraogo qui a rédigé la déclaration du CND justifiant le coup de force.
- Hermann Yaméogo, poursuivi pour complicité d’attentat à la sûreté de l’État.

Pour cet accusé, Me Somé relève qu’il est apparu à la barre avec la posture du citoyen persécuté pour ses opinions, le démocrate défenseur de la liberté. Le « Nelson Mandela » ou le « Ghandi national » en somme. Et pourtant, c’est ce démocrate qui applaudit le coup d’État du CND qu’il a d’ailleurs qualifié de « salvateur ».

Hermann Yaméogo incarnait l’aile politique des putschistes, et n’a pas tardé à aller à Kosyam dès le 17 septembre 2015 pour faire allégeance au nouveau chef. Il a ensuite pris des millions pour mobiliser les manifestants favorables au coup de force. Pour cette raison, l’infraction de complicité d’attentat à la sûreté de l’État est établie, selon Me Somé, qui demande que l’accusé soit déclaré coupable. « Je ne sais pas comment vous pouvez ne pas le déclarer coupable », a lancé l’avocat à l’endroit du président du tribunal.

– Fatoumata Thérèse Diawara, poursuivie pour complicité d’attentat à la sûreté de l’État et complicité de trahison.

L’avocat relève qu’elle a mobilisé argent et ressources humaines en vue de soutenir le coup d’État. Mieux, revenant sur les écoutes téléphoniques entre l’accusée et des éléments du RSP à qui elle demandait de résister en ne déposant pas les armes, à sortir tirer sur les chars de l’armée loyaliste, l’avocat note que l’histoire politico-judiciaire et même militaire du Burkina Faso retiendra qu’une civile sans formation militaire commandait des militaires.

« C’est une étoile, elle est général de fait ». Me Somé a par ailleurs rappelé qu’en comparaissant, elle n’a fait preuve d’aucun regret d’avoir soutenu les putschistes. Bien au contraire, elle a fait preuve de désinvolture, d’arrogance à la barre, ce qui signifie qu’elle pourrait recommencer si l’occasion se présentait.

Quant à la complicité de trahison, l’avocat a juste demandé une requalification des faits, parce que l’accusée, loin d’être une complice, est plutôt auteure principale de trahison. Parce qu’elle a interagi avec des forces étrangères, notamment avec des officiers supérieurs ivoiriens pour mobiliser l’argent pour qu’on envoie des mercenaires pour soutenir le coup.

Pour les accusés, notamment Salifou Sawadogo, le lieutenant Jacques Limon, l’ancien bâtonnier Mamadou Traoré, Sidi Lamine Omar, Minata Guelwaré, Léonce Koné, l’avocat a déclaré qu’ils ont tous agi dans le sens de soutenir l’attentat à la sureté de l’État. Par conséquent, ils devraient être déclarés coupables et subir la rigueur de la loi.

En plus de Me Séraphin Somé, Me Awa Ouédraogo et Me Oumarou B. Ouédraogo ont argumenté pour convaincre le tribunal de la culpabilité des accusés et ils ont plaidé pour que justice soit rendue. 
L’audience se poursuit ce 14 juin 2019 avec toujours les avocats de la partie civile.

Tiga Cheick Sawadogo
Lefaso.net

Sortie du Ministre de la défense à propos de la France et du G5 Sahel: A quel jeu joue Chériff Moumina Sy? Quel est son agenda caché?

Le 04 juin 2019, le ministre burkinabè de la défense, Chériff Moumina Sy, accordait une interview au journal sud-africain « The Guardian ». Dans cette interview, le ministre d’Etat a réussi l’exploit de s’attaquer à trois pays en même temps. La France est accusée d’avoir un autre agenda au Sahel et de ne pas lutter franchement contre les terroristes au Burkina, l’Afrique du Sud est accusée de manquer de solidarité à l’endroit du pays des hommes intègres, et l’Algérie taxée d’avoir des généraux trafiquants de stupéfiants.

Parlant des Français, Chériff Sy dit notamment : «Ils ont peut-être 4000 hommes dans la région, ils ont toutes les ressources militaires et technologiques. Alors, je suis surpris qu’ils n’aient pas été en mesure d’éradiquer ces groupes terroristes. Nous-nous posons beaucoup de questions : s’ils le voulaient vraiment, ils auraient pu les battre. Alors, ont-ils un autre agenda ? »

Dans cette déclaration, Monsieur Sy offense en premier lieu nos forces de défense et de sécurité, puisqu’il insinue que ces dernières sont incapables de vaincre le terrorisme, et qu’il faut qu’une armée étrangère vienne faire le boulot à leur place. Et, sur ce coup, ce sankariste du bout des lèvres ne fait pas mieux que l’étudiant qui a demandé à Emmanuel Macron de réparer les climatiseurs à l’Université de Ouagadougou.

Ces propos sont tenus au moment où les forces françaises accompagnent nos soldats dans le cadre de l’opération «Doofu » au Sahel et au Centre-Nord. Si le ministre de la défense du Burkina Faso est à se demander si les Forces françaises ont un agenda caché, pourquoi acceptent-ils qu’elles se joignent à nos soldats dans cette opération ? Cette question est d’autant plus importante que se déroulent à Arbinda des massacres de populations par des individus armés non identifiés.

A notre connaissance, l’Armée française intervient sur le sol burkinabè à la demande expresse du Président du Faso.  De ce que l’on dit, le prédécesseur de Monsieur Sy et le Chef d’état-major général des armées d’alors (Général Oumarou Sadou) s’étaient violemment opposés à l’intervention de l’Armée française sur notre territoire. Et les Français auraient exigé et obtenu du Président du Faso une lettre officielle de demande d’intervention. Tout cela, M. Sy ne saurait l’ignorer.

Dans l’article en question (la version anglaise), M. Sy affirme que le statut d’ancienne puissance coloniale de la France lui fait devoir de voler au secours de notre pays. Ce raisonnement est décevant de la part d’un prétendu sankariste qui semble avoir oublié la devise de compter sur ses propres forces. Ces propos ne sont en rien différents des habituelles jérémiades entendues dans la vielle classe des dirigeants africains néocoloniaux qui passent le temps, pour moindre chose, à appeler la France au secours.

Si, comme le dit Chériff Sy, la France dispose de moyens technologiques et techniques, il doit savoir qu’elle ne les a pas acquis par la mendicité, mais par ses propres efforts. Le Mali et le Burkina Faso sont indépendants depuis 1960. Nous devrions avoir tous honte que ce soit la France qui vienne à notre secours pour défendre aujourd’hui l’intégrité de nos territoires.

Les Burkinabè ont élu un Président, Monsieur Roch Marc Christian Kaboré, qui a formé son gouvernement. Et, selon l’article 36 de la Constitution, le Président du Faso incarne et assure l’unité nationale, il est garant de l’indépendance nationale et de l’intégrité du territoire.

S’il se trouve que Monsieur Kaboré et son équipe sont incapables de remplir leurs fonctions-et c’est exactement le cas-, ils devront débarrasser le plancher au plus vite et sans autre forme de procès.

Mais, il n’appartient nullement à la France de venir combattre et vaincre les terroristes à la place des autorités établies. C’est aussi une question de souveraineté, d’indépendance et de dignité.

Monsieur Sy affirme également que le G5 Sahel n’est pas du tout efficace, et dit attendre les armes promises par l’Europe qui tardent à venir. Faut-il le rappeler, le G5 Sahel est actuellement présidé par le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré.

Le Président du Faso, Président du G5 Sahel et Chef suprême des Armées, a-t-il donné son aval à son ministre de la défense pour dénoncer le G5 Sahel ?

Qu’un ministre de la défense dise publiquement que le G5 Sahel est inutile, c’est encourager les terroristes dans leur œuvre. Surtout quand, de surcroît, il affirme que notre pays n’a rien reçu en termes d’armements dans le cadre de cette instance.

Chériff Sy ne s’est pas contenté de s’en prendre à la France. Il a aussi déversé sa bile sur des pays africains.

Monsieur Sy reproche à l’Afrique du Sud de ne pas venir en aide au Burkina Faso dans la guerre contre le terrorisme. Pour lui, l’Afrique du Sud « non seulement pourrait, mais devrait » aider le Burkina à combattre le groupes terroristes. C’est un devoir, selon lui, parce que le Burkina a soutenu le peuple sud-africain au moment de l’Apartheid.

Or, tous les pays du monde ont contribué au combat de l’ANC contre l’Apartheid. Qu’est-ce que le Burkina Faso a fait de plus que les autres ? Le Burkina a-t-il aidé plus l’ANC que les pays de la Ligne de front qui ont hébergé les combattants de l’ANC et subi les incursions de l’Armée sud-africaine sur leurs territoires ? Lorsqu’il est sorti de prison, Nelson Mandela a fait le tour des pays qui avaient aidé l’ANC pendant son combat. Il n’est pas venu au Burkina. Par contre, l’une de ses toutes premières escales dans cette tournée fut le Gabon de Omar Bongo Ondimba, « valet de l’impérialisme » comme on aime le caractériser, et grand manitou de la Françafrique. Le fait d’avoir bénéficié des soutiens verbaux de tous les pays ne constitue pas une obligation pour l’Afrique du Sud postapartheid de voler au secours de chaque pays en difficulté.

Plus loin, le ministre d’Etat burkinabè accuse les généraux algériens d’être complices de divers trafics de stupéfiants au Sahel, et il affirme que ces trafics sont la véritable raison du terrorisme dans la zone.

Ces propos de notre ministre de la Défense suscitent des interrogations. Ils sont d’abord en pleine contradiction avec les orientations du Chef suprême des Armées. Dans toutes ses interventions et dans tous ses gestes, ce dernier privilégie la coopération internationale. On l’a encore vu récemment lors de son séjour à Ryad. Cette démarche est celle du réalisme. Les propos tenus par le ministre de la Défense sont en contradiction flagrante avec cette démarche et cette vision. Ensuite, ils sont susceptibles de créer une crise diplomatique, notamment avec la France et l’Algérie que M. Sy égratigne au passage lorsqu’il accuse ses généraux d’être mêlés aux trafics qui se déroulent au Sahel. Le plus grave c’est que Chériff Sy est suffisamment averti pour ignorer cela. A quel jeu joue-t-il donc ? Quel est son agenda caché à lui ?

Ce n’est pas en pleine guerre, au moment où une diplomatie discrète et efficace devrait engranger soutiens et alliances, qu’un homme de son rang (premier militaire du pays), va se laisser aller à de tels délires.

Enfin, c’est autour de cette interview à l’extérieur du pays que Chériff Sy fait une grosse révélation : « Human Rights Watch et d’autres ont porté ces accusations (de violations de droits humains). Même si elles étaient exagérées, nous avons quand même mené l’enquête, nous avons arrêté des soldats. Ils ont agi d’une manière non conforme aux principes de l’armée et ont donc été punis. »

Au Burkina Faso, cette information n’avait jamais été donnée. Combien sont-ils, les soldats qui ont été arrêtés pour violation de droits humains et exécutions sommaires? Quelle a été la sanction ? Qui a donné l’ordre à ces soldats ? Autant de questions qui taraudent l’esprit de bon nombre de Burkinabè.

Au détour de cet entretien qu’il a accordé au journal sud-africain, Chériff Sy a fait deux affirmations qui, en plus d’être inexactes, peuvent susciter des interrogations : Premièrement, lorsqu’il affirme que son père était un membre du cercle restreint de Thomas Sankara, il s’agit d’un mensonge visant à construire une légende autour de sa personne. Deuxièmement, lorsque M. Sy dit qu’il a occupé la fonction de Président du Faso pendant six jours, c’est une manière prétentieuse de s’élever au rang du Président Kaboré.

En clair, à travers cette interview truffée de bourdes et d’erreurs politiques graves (sciemment faites ?), Chériff Sy se disqualifie pour continuer à gérer la Grande muette, par ces temps de guerre. 

Wenceslas Kani