Burkina: le MPP « fait de la corruption et du népotisme son mode de gouvernance », selon le CAR

Dans une note rendue publique ce lundi 22 janvier 2018, le Citoyen Africain pour la Renaissance (CAR), qui a réuni ses membres en session extraordinaire samedi et dimanche dernier pour examiner la situation sociopolitique et économique du Burkina, a tiré la conclusion que le régime du Mouvement du Peuple pour le Progrès (MPP), parti du président Roch Marc Christian Kaboré, « fait de la corruption et du népotisme son mode de gouvernance ».

« Depuis plusieurs mois, notre pays vit une situation explosive sur le plan social marquée par une grogne de toutes les catégories socioprofessionnelles, notamment au niveau du secteur public. A cela s’ajoute une situation économique et financière caractérisée par une banqueroute totale à cause d’une gestion hasardeuse et calamiteuse, symptôme d’un régime qui fait de la corruption et du népotisme son mode de gouvernance », peut-on lire dans la déclaration du CAR, une Organisation de la société civile qui a pris une part active aux manifestations anti-Blaise Compaoré, fin octobre 2014.

Le CAR relève également dans le document, « une situation sécuritaire et politique extrêmement délétère avec des partis politiques infiltrés et concassés. Des syndicats et des organisations de la société civile (qui) sont tour à tour, censurés et/ou instrumentalisés en vue d’être au service quasi exclusif des princes régnants ». Face à une telle situation que l’Organisation de Hervé Ouattara, ancien Conseil national de la Transition (CNT), juge « extrêmement grave », elle a tout de même « félicité » le gouvernement et les syndicats de l’Education pour la reprise du dialogue en vu de satisfaire la plate-forme revendicative des 15 syndicats des enseignants qui demandent une valorisation de leur corps.

Au regard de la situation nationale marquée de plus en plus par une grogne sociale, l’incivisme et la défiance de l’autorité de l’Etat, entre autres, le CAR interpelle à travers cet écrit, le « gouvernement sur la nécessité de créer, le plus rapidement possible, (un) cadre de dialogue de vérité et de sincérité avec les partenaires sociaux en vue d’échanger et de trouver un compromis sur la réforme du système des rémunérations de la Fonction publique proposée par le chef de l’Etat (Roch Kaboré fin décembre 2017), mais également de réfléchir sur l’opportunité d’un Haut conseil du dialogue social déjà décrié et non consensuel dont les missions pourraient être confiées au Médiateur du Faso ou au Haut conseil pour la Réconciliation nationale ».

Le CAR s’est dit également inquiété par les récentes arrestations pour tentative de déstabilisation intervenues au Burkina dans l’affaire dite du colonel Auguste Denise Barry, ex-ministre de la Sécurité sous la Transition, incarcéré début janvier à la Maison d’arrêt et de correction des armées (Maca). Le CAR invite la justice militaire à « beaucoup communiquer sur l’affaire, afin de situer notre peuple au risque de penser à une épuration dans tous les secteurs de la vie de la nation ».

« La justice burkinabè ne doit pas être un gourdin dont on se sert l’Etat, à sa guise, pour régler ses comptes politiques et instaurer, sur le modèle de Felix Houphouët Boigny (ancien président ivoirien) au début de l’indépendance, un pouvoir sans partage par un règne d’une main de fer », conclu le texte.

Par Mathias BAZIE

 

Wakatsera.com

Crise à l’Université Nazi Boni : Des étudiants gazés par les Forces de Défense et de Sécurité

Le lundi 22 janvier 2018 à Bobo-Dioulasso, les étudiants de la première année en sciences économiques et de gestion (SEG) ont organisé une marche suite au bras de fer qui les oppose à leur administration. Partis du rond-point Blaise Compaoré et Mouammar Kadhafi (devant le centre de Calcul) pour le gouvernorat, ces derniers seront très vite dispersés par la Compagnie Républicaine de Sécurité (CRS) à l’aide de gaz lacrymogène.

Crise à l’Université Nazi Boni : Des étudiants gazés par les Forces de Défense et de Sécurité

Une chaude matinée ce lundi 22 janvier 2018 à Bobo-Dioulasso entre les étudiants de l’UFR/SEG de l’Université Nazi Boni et les Forces de Défense et de Sécurité suite à une marche organisée par les premiers. Cette marche a été organisée sans autorisation des premiers responsables de la ville de Sya. Selon le porte-parole des manifestants, Issiaka Porgo, « si l’administration viole les textes pour programmer les devoirs, pourquoi les étudiants ne vont pas violer les textes pour marcher aussi ? ». C’est ainsi qu’ils ont décidée de sortir dans les rues de Bobo-Dioulasso pour exprimer leur mécontentement face à cette crise et sans l’accord des autorités. A en croire ce dernier, la marche était prévue de la place Tiéfo Amoro au gouvernorat de la région des Hauts-Bassins où ils comptaient livrer une déclaration au gouverneur.

« Nous avons eu a déposé une note à la mairie et au niveau du gouvernorat, mais on a pas eu de retour. C’est pourquoi nous avons décidé de maintenir cette marche-là. Lorsque nous sommes arrivés sur les lieux ce matin, ils nous ont fait savoir qu’on ne pouvais pas faire cette marche. Néanmoins, les étudiants ont quand même décidé de marcher car la situation au niveau de l’Université s’empire de jour en jour », a laissé entendre Porgo Issiaka.

Très tôt dans la matinée, la place Tiéfo Amoro est prise d’assaut par les CRS afin d’empêcher un quelconque rassemblement des étudiants. C’est ainsi que ces derniers se verront dans l’obligation de changer l’itinéraire de leur marche qui a finalement débuté devant le centre de calcul (rond-point Blaise Compaoré et Mouammar Kadhafi) pour passer au niveau du commissariat central. Mais à ce niveau, les manifestants seront dispersés par les CRS à l’aide des gaz lacrymogènes en plein centre-ville. Selon le porte-parole des étudiants, environ une quinzaine d’étudiants ont été arrêtés par les FDS.

Il faut dire que c’est depuis le mois d’octobre 2017, l’UFR/SEG traverse une crise née du boycott de la programmation d’une série de devoirs par les étudiants. En effet, les étudiants avaient été informés de la date des compositions le 29 juillet 2017 par le chef de département SEG. Ainsi, selon le calendrier, les devoirs des 7 cours achevés avaient été programmés pour les 3, 4, 5 et 6 octobre 2017, soit après les deux mois de vacances (août et septembre).

Cependant, les étudiants qui estiment que les vacances ne sont pas faites pour bosser, ont dit à l’administration qu’ils ne seraient pas prêts pour les devoirs. C’est pourquoi, ils ont décidé de boycotter les évaluations. Les motifs avancés par les étudiants étaient les suivants :
-  Le calendrier des évaluations est inapproprié ;
-  les deux mois de vacances ne sont pas faits pour étudier, mais plutôt pour se reposer ;
-  Il n’est pas question de faire plus de deux évaluations par semaine.

Suite au boycott, l’administration a ainsi délibéré avec zéro admis et a procédé à la programmation d’une session de rattrapage. Les étudiants n’étant pas d’accords avec cette décision de leur administration ont décidé de marcher ce lundi matin pour exiger l’annulation des sept zéros et celle de la délibération faite par leurs responsables.

Pourtant, les évaluations de la session de rattrapage ont débuté et continuent jusqu’au 26 janvier 2018 avec une partie des étudiants qui ont accepté d’aller composer. Les étudiants contestataires comptent lutter jusqu’à ce que cette composition soit annulée. « Nous sommes toujours sereins et calmes et nous demandons aux autorités administratives de suspendre cette composition jusqu’à ce qu’on puisse reprogrammer les sept devoirs que nous demandons », a martelé le porte-parole des étudiants.

Romuald Do

Eddie Komboïgo: « J’ai perdu plus de dix milliards pendant ma détention »

Expert-comptable de formation et de profession, il a résolument mis les deux pieds dans… l’assiette politique en héritant d’un ex-parti au pouvoir (Congrès pour la démocratie et le progrès) dans la tourmente, suite à l’insurrection d’octobre 2014. La suite, on la connaît : inculpé dans le putsch manqué de septembre 2015, il a été finalement lavé de tout soupçon, blanchi, selon ses dires, « comme le lait des Yarsé », allusion sympathique à ce groupe sociologique qui raffole de cet aliment. Depuis sa libération, Eddie Komboïgo a repris visiblement du poil de la bête, si l’on se fie à l’ambiance assez détendue dans laquelle il a répondu sans détour à nos questions dans son spacieux bureau sis sur l’avenue Kwame Nkrumah avec vue imprenable sur la piste d’atterrissage de l’aéroport international de Ouagadougou. Entre non seulement traits d’humour, railleries et sarcasmes mais aussi un peu d’estime de soi, il revient sur les épreuves qu’il a traversées, même si, malgré tout, il semble plutôt renforcé par les vicissitudes de la vie et n’entend pas du tout renoncer à la chose politique.

 

 

Vous avez été accusé d’avoir joué un rôle dans le putsch manqué de septembre 2015 puis blanchi par la justice avec le non-lieu dont vous avez bénéficié récemment.  Vous attendiez-vous à un tel dénouement judiciaire ?

 

Bien évidemment !  Je suis rentré de France le 12 septembre 2015 et j’avais demandé à mon adjoint au CDP, Achille Tapsoba, de procéder, avec le secrétariat permanent, au changement des candidats qui ont été recalés. C’est dans ce cadre que nous nous sommes retrouvés le 16 septembre pour analyser les dossiers, de 9 heures à 13 heures. C’est après que nous avons appris ce qui se passait à la présidence. N’ayant jamais participé à quoi que ce soit, il n’y a pas de raison qu’on m’implique dans cette affaire. Mais des accusations politico-judiciaires foisonnaient partout. Néanmoins, nous avons gardé toute notre sérénité afin que la justice fasse son travail et que le droit soit dit.

 

Après l’échec de ce putsch, vous avez pourtant filé à l’anglaise. C’est comme si vous vous reprochiez quelque chose.

 

Ce que vous dites n’est pas exact. Je n’ai pas fui le pays. Au moment des tractations consécutives au putsch, un groupe d’une cinquantaine de personnes motorisées se sont rendues à notre domicile paternel avec visiblement l’intention d’agresser ma mère. Les voisins se sont vite interposés et ont réussi à la sauver par le mur mitoyen. Mes frères l’ont récupérée très traumatisée. Voyant que ma famille était visée, j’ai demandé à ma femme de faire venir sa mère pour les faire quitter le pays avec mon benjamin. Ils ont été accueillis à Cotonou pendant que je suis resté au pays ; malheureusement, ma mère avait une tension qui a drastiquement chuté au point de commencer à lui faire perdre les yeux. Vu son état et les appels incessants de mon épouse, j’ai dû les rejoindre le 20 septembre pour organiser sa prise en charge sanitaire. Je m’y suis rendu par la route, en passant par tous les contrôles, si bien que votre terme « filer à l’anglaise » ne sied pas du tout. Quand je suis arrivé, ma mère a cessé de pleurer ; ce qui m’a un peu soulagé. Il fallait rapidement intervenir, mais le plateau technique qui convenait était à Dakar, où nous nous sommes rendus de toute urgence. L’opération chirurgicale a réussi. Ma belle-mère et mon épouse sont rentrées et j’ai demandé à ma mère de rester, le temps nécessaire à sa convalescence, avant de rentrer avec elle quand elle voudra. Pendant mon séjour à Cotonou et à Dakar, j’entendais les accusations tous azimuts. J’ai gardé mon calme, car tout ce qui se disait était faux, notamment le financement du putsch qui, selon les accusateurs, était tantôt de 3 milliards, tantôt de 12 milliards. Il fallait faire une multiplication de 5 ou 10 millions par le nombre de soldats pour brandir un chiffre à mon encontre. Sachant que tout cela n’avait aucun fondement, je suis rentré de moi-même et, dès le lendemain, j’ai été convoqué à la gendarmerie. La seule raison qui m’a amené à quitter le pays était donc relative à la santé de ma maman, car son sang coule dans mes veines. Si de mon fait elle devait subir ce qu’elle a subi, je me devais de réagir promptement parce qu’elle est tout pour moi.  Je ne suis pas du genre à raser les murs. J’assume ce que je fais.

 

Mais qui vous en voulait tant ?                                                                

 

En tant que journalistes, vous pouvez me renseigner, puisque vous savez investiguer. Tout ce que je sais, c’est qu’ils étaient venus pour l’agresser. Et si elle a pu être sauvée, c’est l’essentiel. Dieu veille sur ceux qui sont honnêtes.

 

 Parlons de votre séjour en prison. Comment remplissiez-vous vos longues journées à la MACA?

 

Avant d’être envoyé à la MACA, j’avais déjà fait un mois et quelques jours à la gendarmerie, dans une chambre  où j’étais seul, sans avoir quelqu’un à qui je pouvais dire simplement  bonjour. Je passais mon temps dans la lecture et à suivre la télé. Pour un intellectuel qui aime bavarder comme moi, c’était dur. Certains membres de partis politiques, qui venaient me voir, ont estimé que j’étais dans une prison dorée. On m’a alors fait partir dans la vraie prison qu’est la MACA. Mais cela m’a fait du bien dans la mesure où j’étais plus épanoui. J’étais dans un quartier où il y avait 42 personnes et dans une cellule de 9 détenus. Dès mon arrivée, j’ai joué au football avec les jeunes soldats, qui m’ont accueilli en humain avec beaucoup de respect. Je profite de cette occasion pour les en remercier.

 

Tout compte fait, quelque chose vous manquait quand même, ne serait-ce que le cigare…

 

Si vous en avez, vous allez m’apprendre à en fumer. Pour vous dire que je ne fume pas le cigare. Je fume la cigarette. Beaucoup de choses m’ont en effet manqué. Je suis expert-comptable et je ne pouvais plus voir mes clients. On était aussi sans salle de lecture. Malgré notre présomption d’innocence, on était dans les mêmes cellules et quartiers que des personnes déjà condamnées. Ils ont cru bon d’arracher la climatisation de ma cellule, mais ça ne me faisait ni chaud ni froid, car j’ai appris à m’adapter à tout. Ils ont refusé de me faire l’ordonnance pour que j’achète mes médicaments, la Chambre de Contrôle m’a autorisé à consulter le médecin de mon choix pour acquérir mes médicaments.

 

Arriviez-vous à gérer vos affaires étant dedans?

 

Je recevais 5 à 10 visites par jour, si bien que j’échangeais avec certains de mes clients. Avant 9 heures tout ce qu’on pouvait faire, c’était jouer au « waré », au jeu de dames ou aux cartes. Je puis vous dire que j’en suis devenu expert.

 

Qu’est-ce qui vous était reproché au juste?

 

J’avoue que je ne le savais même pas, puisqu’il n’y avait pas de bonnes raisons. Celles qu’on a brandies ne sont pas issues d’une enquête qui a établi des faits délictueux ou criminels. L’enquête de la gendarmerie n’a rien révélé. Le cabinet qui avait été ouvert pour les dénonciations n’a reçu aucune accusation. Au cours de la première audition, on m’a signifié des accusations de complicité de coup d’Etat avec tout ce qui s’ensuit, association de malfaiteurs, etc. J’ai dit que je ne reconnaissais pas les faits, puisqu’il n’y en avait même pas. J’ai même demandé qu’on me dise sur quoi on fonde ces accusations. Pour toute réponse, on m’a rétorqué que ça sera fait lors de l’audition au fond. Malgré tout, on a décerné un mandat de dépôt contre moi.  Certains militants sont venus en larmes, me suppliant d’appeler Salifou Diallo, Roch ou Simon Compaoré, sinon j’en aurais pour au moins 5 ans de prison, au regard des accusations. Naturellement, je leur disais toujours d’essuyer leurs larmes, car je ne me reprochais rien et que le jour où l’audition au fond se tiendrait, ça serait le début de la fin de ma détention.

 

Vous avez subi des pertes pendant ce coup de force et l’insurrection. A combien chiffrez-vous ces pertes ?

 

Oui, j’ai eu des pertes. Mais elles ne sont que matérielles et financières. Alors qu’il y a eu des compatriotes qui ont perdu la vie,  donc, permettez-moi, d’abord, de m’incliner à la mémoire de tous ceux qui ont perdu la vie pendant ces événements, et d’invoquer le Très-Haut pour qu’il allège la terre du Faso afin qu’ils reposent en paix.

J’ai perdu plus de dix milliards pendant ma détention. J’avais des contrats en vigueur et des crédits qui m’avaient été alloués par des banques de même que des engagements que j’avais pris pour effectuer un certain nombre de réalisations. Pendant ma détention, les banques m’ont classé comme PPE (Personne politiquement exposée) et les contrats ont été résiliés. Vous imaginez deux ans sans marché ! Ce sont des contrats qui pouvaient me rapporter énormément. Pas moins d’un milliard par an ! Ce sont  des contrats de cinq ans qui ont été résiliés ; sans oublier les loyers de mes bâtiments qui devaient être collectés par le greffier militaire. Certains locataires, malintentionnés, se permettaient même de dire que c’étaient des bâtiments de l’Etat, alors que c’était clair qu’ils devraient reverser ces loyers au niveau du tribunal militaire. Ce qui n’a jamais été fait. Lorsque j’ai obtenu la liberté provisoire, le temps de leur réclamer mon dû, ils ont ramassé leurs cliques et leurs claques et sont partis. Je n’ai pas voulu les poursuivre, me disant que s’ils l’ont fait avec moi, ils le feraient ailleurs, et ce n’est pas sûr que d’autres bailleurs auraient la même approche. A ce propos, je rigolais avec le greffier du tribunal militaire, lui disant que c’était lui qui me devait, d’autant plus que c’était à lui que revenait la charge de collecter mon loyer. Du reste, je n’ai aucune envie de poursuivre l’Etat burkinabè pour quoi que ce soit. La reconnaissance de mon innocence me suffit. Je me dis qu’étant un homme d’affaires et un battant, si Dieu me donne la force et la santé, je me battrai encore pour remonter la pente.

 

Aux pertes subies dans vos affaires s’ajouteraient vos domiciles incendiés…

 

Oui, mais pas pendant le putsch. C’est pendant l’insurrection que ma maison à Zogona a été saccagée. C’est vrai que, pendant le putsch, il se racontait que mon domicile a été saccagé à Yako. C’était une maison qui n’était pas achevée. Il n’y avait que les murs. Et qu’est-ce que les gens ont fait ? Ils y ont empilé des pneus usagers et mis le feu. A cause de la fumée qui s’en dégageait, ils ont répandu la nouvelle selon laquelle la maison d’Eddie Komboïgo était en flammes. Pour revenir à l’insurrection, j’ai beaucoup perdu ; surtout des objets de souvenir ou des photos d’enfance qui ont une valeur pas forcément pécuniaire, mais surtout sentimentale et affective, que l’on ne retrouvera plus jamais.

 

Dans le saccage de votre domicile, il se raconte que vous auriez aussi perdu des chiens de race qui, semble-t-il, auraient été tués par les manifestants…

 

Mes chiens n’ont jamais été touchés. Je fais l’élevage de chiens. Les gens ne savent pas que ça me rapportait de l’argent, qui me permettait de réaliser des forages pour les populations et d’aider les jeunes. C’est aussi simple que cela. Quand les manifestants sont arrivés à mon domicile, ils n’ont pas ouvert les niches où étaient les chiens. Peut-être que s’ils l’avaient fait, ça aurait mal tourné. Ils ont simplement ouvert un frigo, ont pris de la viande crue qu’ils ont jetée dans les niches. Alors que ces chiens ne mangent pas de la viande crue : ils sont exclusivement nourris aux croquettes. Ils ont pris des photos comme pour arriver à cette conclusion : il est très riche au point d’acheter des poulets pour nourrir des chiens.  Si ces chiens mangeaient de la viande crue, vous n’alliez pas en trouver. Les chiens ne mangeant pas les poulets, il est normal qu’on les retrouve dans leurs niches.

 

Justement, que devient ce distributeur automatique de billets dont on a tant parlé et qui, dit-on, était installé à votre domicile ?

 

(Rires aux éclats)… Quelle banque viendrait à mettre un guichet automatique dans un domicile privé ? Peut-être que les manifestants s’en sont pris à des guichets automatiques mais pas chez moi. Comment peut-on penser que dans un domicile privé, quelqu’un peut mettre un guichet automatique ? On a tellement encensé Eddie Komboïgo qu’il est devenu un mythe. Il est pourtant comme les autres, un homme qui a ses connaissances, ses convictions et ses valeurs. Ni plus ni moins. Même le plus riche du monde ne se hasarderait pas à mettre un GAB chez lui, ça servirait à quoi ? Ce ne serait même pas rentable pour une banque. Un domicile n’est pas un marché. Si j’ai de l’argent, ce n’est pas à la maison que je l’entreposerai. Je suis expert-comptable, Monsieur ! J’exerce ce métier depuis plus de vingt ans : de 1994 à aujourd’hui. En même temps, j’enseignais à l’université de 1994 à 2014. Vous m’imaginez entreposer ne serait-ce que deux ou trois millions à la maison ? J’ai peut-être des cartes bancaires. Mais il me faut rejoindre les guichets automatiques pour les utiliser ! Je ne suis pas un commerçant de détail ou de poulets pour travailler avec des espèces ! Je suis payé pour des prestations intellectuelles et les paiements se font par virement, avec une certaine traçabilité. Je ne suis pas dans l’informel.  C’est d’ailleurs pourquoi, quand mes comptes ont été saisis et gelés pendant le putsch et que l’on a procédé aux vérifications (mes comptes personnels, ceux de mes sociétés, de mes frères et sœurs, de ma mère et peut-être même les comptes de nos amis, que sais-je), ils se sont rendu compte qu’il n’y avait aucune transaction sauvage. Je n’ai jamais fait de telles transactions.  Si j’avais autant d’argent, je pense que je ferais dans le social au lieu d’aller en donner à des militaires pour qu’ils fassent un putsch.  Il n’y a donc pas de guichet automatique ni chez moi ni dans mon bureau. Ceux qui l’ont dit se sont peut-être donné un prétexte pour vandaliser chez moi et prendre ce qu’ils voulaient. Celui qui vous dira qu’il a trouvé une somme  d’argent chez moi, amenez-le-moi ! Je promets de lui donner 1000 fois la somme qu’il aurait  trouvée chez moi.

 

Vous arrivait-il de rencontrer le Général Gilbert Diendéré pendant votre détention ? Si oui, quelle était la nature de vos échanges ?

 

Pour la petite anecdote, à mon arrivée, quand on a sonné le rassemblement, un lieutenant a demandé aux soldats s’ils me connaissaient. Ils ont répondu par l’affirmative. Le surnom de « Prési choco » a prévalu. La consigne de m’appeler ainsi a été passée dans tous les quartiers. Un jour, j’ai rencontré le général Bassolé qui m’a dit que la nouvelle est arrivée jusque dans leur quartier. Idem avec le général Diendéré. Ça faisait rigoler les uns et les autres. Pour revenir à votre question, disons que, quand on se rencontrait lors des visites, chacun s’enquérait de la santé de l’autre.

 

Vous êtes réputé proche de Diendéré. Quels sont les liens qui vous unissent ?

 

Ce sont des liens d’amitié et de parenté. C’est tout !

 

A quel niveau ?

 

Nous sommes de la même province. De concert, nous réalisions souvent des œuvres sociales. Le général Diendéré a toujours été quelqu’un de sociable. Par-ci par-là, on lui pose des doléances pour  avoir un forage ou une école et il fait souvent appel à des ressortissants de la province pour avoir un soutien.

 

Avez-vous des nouvelles de votre « femme » Fatou (Ndrl : épouse de Gilbert Diendéré) ?

 

Oui. Elle va bien.

 

Sans autre commentaire ?

 

Non. (Avant de contre-attaquer, un brin taquin). Vous qui êtes Peul, n’avez-vous pas ses nouvelles ? (Rires) Ecrivez-moi ça.

 

Quelle est la qualité de vos relations avec les caciques du CDP ?

 

Qu’est-ce que vous appelez cacique ?

 

Des bonzes alors…

 

Qui est cacique ou bonze du CDP ? C’est qui ?

 

Ils sont nombreux. On peut citer Achille Tapsoba, Juliette Bonkoungou…

 

Ah bon ! Respectez-les, s’il vous plaît ! Ce sont des militants du CDP de très longue date. Ce sont les membres fondateurs de l’ODP-MT et ensuite du CDP. Je vous demande donc de respecter des camarades qui sont des cadres supérieurs de mon  parti, avec qui j’ai des rapports cordiaux de camaraderie politique et de respect mutuel.

D’aucuns vous reprocheraient d’avoir vite voulu récupérer le parti après votre libération. Que leur répondez-vous ?

 

Je ne comprends finalement pas. Tantôt on dit que je me devais de récupérer vite mon poste, tantôt on me reproche de le récupérer trop vite. Qu’est-ce que l’on veut finalement ? Je dois vous dire la vérité ; moi, Eddie Komboïgo, savais que je n’étais pas le seul visé dans cette affaire. Je savais que le CDP était également visé. A travers les questions, il est revenu plusieurs fois qu’une instance du parti s’était réunie pour délibérer et soutenir le putsch. Il n’en a jamais été question ! Je sais également qu’Eddie est un homme politique. Au-delà de tout, ce n’était donc pas que des poursuites judiciaires. Les ambitions politiques des uns et des autres n’étaient pas loin. Mais j’ai voulu, par respect de l’institution judiciaire, rester humble et modeste dans le silence. D’autant plus que l’institution requiert une certaine discrétion qu’est le secret de l’instruction.

 

Le CDP n’a pu prendre part à l’élection présidentielle de 2015. Selon vous, quels auraient pu être ses résultats si ce parti avait été en lice ?

 

Je ne suis pas Dieu pour le savoir. Mais ceux qui ont pris la responsabilité d’invalider le dossier du CDP à l’élection présidentielle en savent quelque chose. Ce n’est certainement pas parce qu’on a soutenu la modification de l’article 37 que la décision a été prise. Ça n’a d’ailleurs rien à avoir parce que ce n’était pas un argument judiciaire. C’était sous-tendu par un argument politique. Il faudra donc leur demander quelles statistiques ils ont eues en réalité qui les ont décidés à exclure le CDP et toute l’ex-majorité de la présidentielle.

 

Dites-nous ce que vous pensez du bilan des deux ans de Roch.

 

J’ai toujours dit qu’il ne m’appartenait pas de faire le bilan de Roch, n’étant pas dans la majorité. Je suis le président du CDP. Et comme dirait l’autre, point barre. J’ai entendu Simon Compaoré (ministre de la Sécurité) et Clément Sawadogo (ministre de la Fonction publique) faire leur bilan. Nous allons attendre le bilan global avant d’apprécier. Ne devançons pas l’iguane dans l’eau ! Entre les prévisions et les réalisations, on peut se faire une opinion, et conclure qu’ils ont réussi ou pas, et en en mesurant l’impact sur les populations. Une chose est certaine : nous remarquons que la majorité de la population n’est pas encore satisfaite du résultat.

Sur le plan social, on constate une grogne des syndicats. Le pouvoir d’achat des populations n’a pas augmenté.  Sur le plan économique, malgré les extensions des mines et l’arrivée de nouvelles, notre économie tarde à décoller. Sur le plan des infrastructures et du PNDES, je ne vois pas de projet réel qui soit réalisé.

Sur le plan de la réconciliation, la tension est encore vive. J’essaie de dire que j’appelle à mieux faire. Si le président Roch et le Premier ministre Paul Kaba Thiéba m’entendent, il leur faut redoubler d’efforts. Pour le PNDES, je suis pessimiste : il s’agit plutôt d’une compilation d’idées que de projets, d’une simple multiplication de chiffres pour faire ressortir des montants exorbitants. Il n’y a aucun projet écrit, et aucun bailleur de fonds ne peut suivre. S’ils arrivent à réaliser ce qu’ils ont prévu d’ici 2020, tout le monde applaudira. Si ce n’était pas le cas, ils feraient le lit de l’opposition que nous sommes.

 

Vous êtes président du CDP. Quelles sont vos perspectives ? Allez-vous reprendre la tête du parti ou briguer la magistrature suprême ?

 

Notre parti, le CDP, a ses textes qui régissent son fonctionnement. Aujourd’hui, je suis le président du CDP. Je vais travailler avec l’équipe en attendant le congrès. Le Bureau exécutif national du CDP a été mis en place suite à un consensus par le congrès de 2015. Nous allons travailler dans cet esprit de consensus à avoir une nouvelle équipe qui prendra le train avec des réformes conséquentes qui passeront par la jeunesse et les femmes. Nous avons des aînés qui ont un background certes, mais, parfois, il est temps que ceux qui ont plus de vingt-sept ans d’expérience sachent mettre leur savoir et leur savoir-faire entre les mains de plus jeunes, qui sont plus actifs. Si on arrive à faire cette jonction, nous aurons un bureau conséquent et plus conquérant. Et puis, en 2020 (j’espère que cette fois-ci on ne sera pas disqualifié), notre parti va présenter son candidat. Quelle que soit la personne choisie, nous l’accepterons et l’applaudirons.

 

Parlant de congrès, c’est un véritable serpent de mer qui tarde à sortir de l’eau. On l’annonce toujours et à la dernière minute, nous apprenons son report.

 

Vous avez déjà entendu Eddie Komboïgo parler de congrès ? Non. Ceux qui parlent de congrès doivent savoir que le CDP est un parti bien organisé. Tous les trois ans, il est appelé à tenir un congrès. En 2015 nous en avons tenu un qui m’a élu président. Si nous suivons cette logique, forcément en 2018, pareille rencontre se tiendra. Et il ne s’agit pas d’un congrès extraordinaire, mais ordinaire. Préalablement, une commission chargée de le préparer sera mise en place, en concertation avec toutes les instances du parti.

 

C’est donc dire que vous placez déjà vos pions, notamment avec ce meeting que vous avez récemment organisé au Passoré ? 

 

Je n’ai pas organisé de meeting au Passoré. Je suis allé présenter mes vœux du nouvel an à mes parents au village. Pour ceux qui ne le savaient pas, j’y vais le 3 janvier de chaque année. Avec mes problèmes judiciaires, je n’ai pu respecter ce rendez-vous les deux dernières années. Lorsque la population a entendu ce qui s’est dit à la radio, depuis le putsch, sur leur fils, leur frère et, au bout de deux ans, le juge a dit qu’il est blanc comme… le lait des Yaarsé, elle n’a pu cacher sa joie de me recevoir. Retenez que rien n’a été organisé. J’ai simplement dit à la section CDP de Yako, lorsque je suis allé saluer le chef de Yako, que le 3 janvier je passerais par Yako pour me rendre dans mon village. La section a trouvé bon d’envoyer des militants m’accueillir à l’entrée de Yako. Ils m’ont alors accompagné et nous avons pris l’axe Yako-Samba, qui est ma commune. J’ai été agréablement surpris à notre passage de voir que les populations sont massivement sorties dans chaque village tout au long du trajet pour m’accueillir et manifester leur joie. C’est également avec joie que je leur ai présenté mes vœux de la nouvelle année. A Toésin, un village de Samba où je réside, l’accueil était encore des plus grands. Ce ne sont pas forcément des militants du CDP qui sont sortis, parce que ce n’était pas un meeting du parti. Si j’organise un meeting à Yako, il y aura dix fois plus de monde que ceux qui sont sortis m’accueillir ce jour-là. Soyez-en sûr.

 

Et comme par hasard, l’événement a eu un large écho médiatique?

 

La veille de mon départ, je crois savoir qu’il y a des militants du parti qui ont publié l’information sur Facebook après 18h. Ayant dormi tôt ce jour-là, je me suis réveillé vers minuit et j’ai vu pas mal d’appels. Des journalistes demandaient à travers des messages à m’accompagner et je leur ai répondu que c’est déjà trop tard. Mais j’ai été surpris, à mon réveil le matin, de voir des militants et des journalistes devant ma porte me disant qu’ils allaient m’accompagner. Je n’allais quand même pas les refouler ! Nous avons alors pris la route ensemble.

 

Ces deux dernières années, le pays subit des attaques répétées des terroristes, et le MPP a vite vu la main de Blaise Compaoré derrière cette barbarie. Qu’en dites-vous ?

 

Vous pensez qu’un homme raisonnable peut tourner des agresseurs contre son propre pays ? Non, je ne le crois pas. Jusqu’à présent, il n’y a aucune preuve de cela. Les gens ne font que l’en accuser. Le pays n’est pas gouverné par des oiseaux (rires) (NDLR : le président du CDP fait ici allusion à la vidéo du ministre de la Sécurité, Simon Compaoré, chez le député UPC Ladji Coulibaly). Si c’était vrai, une enquête judiciaire serait ouverte et ceux qui incitent à l’agression seraient poursuivis, arrêtés et condamnés. Par conséquent, les gens doivent éviter les accusations tous azimuts parce qu’il est temps que le Burkina soit paisible. Tant qu’on n’a pas de preuve, que l’on n’accuse pas. Dans mon cas, on m’a accusé ; heureusement que j’ai fait 4 mois 8 jours. Si j’avais fait 2 ans, 5 ou plus tout en sachant que je suis blanc comme le lait des Peuls, on aurait fait du tort à un Burkinabè. Je ne souhaite pas que, dans notre pays, la justice condamne par erreur un seul Burkinabè.  Cela est contraire aux droits de l’homme et ce serait toujours un drame. Si les gens sortent par des déclarations politiques en disant que c’est telle ou telle personne qui en serait responsable, je leur dis d’arrêter et de renforcer leurs enquêtes pour en avoir les preuves. Par ailleurs, tous les militants du CDP condamnent ces attaques. Aucun militant du parti ne soutient ces agressions encore moins ceux qui l’ont géré avant nous.

 

Tout le monde défile à Abidjan pour rencontrer l’ancien président, même si l’on ne se souvient pas vous avoir vu là-bas… êtes-vous allé voir Blaise Compaoré ?

 

(Rires) Vous, les journalistes… vous aimez la polémique.

D’abord, si j’étais parti voir le président Compaoré, je ne vous le dirais pas. Et comme je n’y suis pas parti, je ne vous le dis pas non plus.

 

Vos amis n’étant plus aux affaires, que sont devenues vos entreprises ?

 

C’est vrai que les affaires ne marchent pas aujourd’hui. Cela est d’abord dû à des raisons exogènes au cabinet. C’est d’ailleurs toute l’économie burkinabè qui est en crise. On entend des gens dire que le taux de croissance est de l’ordre de 5, 6 et même de 7%, mais, comme le disait le regretté Salifou Diallo, qu’est-ce que vous voulez que ces indicateurs apportent aux populations ? Elles ne mangent pas les taux de croissance. Nous, nous voulons des choses concrètes. L’activité économique ayant baissé, nous n’avons pas de marchés comme avant. Avant, au Burkina, nous avions beaucoup de projets dans les domaines de la santé, de l’agriculture, de l’enseignement supérieur, de l’hydraulique, de l’enseignement de base et des infrastructures. Une bonne partie de la population travaillait, et les cabinets d’expertise-comptable étaient occupés. Tous les projets qui étaient financés par des bailleurs de fonds (la BAD, la Banque mondiale, le FMI, les banques européennes de développement, les banques locales) ont disparu. La coopération, bilatérale comme multilatérale, qui apportait des projets chez nous, on n’en voit plus. Il faut donc reconnaître que c’est une masse d’argent qui ne circule plus et qui freine notre économie.

 

Tout cela est dû au changement de régime ?

 

Tout changement a ses conséquences. L’Etat est une continuité. Moi, je fais juste une analyse. Le vrai problème du gouvernement Thiéba, c’est qu’il ne veut pas accepter que le PNDES se construit sur les ruines de la SCADD (Stratégie de croissance accélérée et de développement durable). Or, les bailleurs de fonds à qui vous soumettez un projet vous demandent quelle est la plus-value de ce nouveau projet par rapport à l’existant. Si vous ne reconnaissez aucune valeur au premier, le bailleur de fonds vous dira qu’il y a aucun indicateur qui montre qu’en investissant, il en sortira quelque chose de positif. Il vous dira d’aller chercher des indicateurs avant de revenir le voir. Donc depuis deux ans, le gouvernement est en train de tenter, mais, comme le budget de l’Etat est consacré à près de 52% au payement des salaires, ils n’ont pas suffisamment d’argent pour investir et montrer un résultat aux bailleurs de fonds. Il faut que le gouvernement Thiéba ait cette honnêteté intellectuelle et le courage de dire que la SCADD a un bilan positif. Mais, comme on pense qu’en disant cela, on magnifie le CDP et le président Blaise Compaoré, on n’ose pas en parler. J’invite donc le gouvernement Thiéba ou celui qui va venir après lui à reconnaître les acquis de la gestion antérieure.

 

Vous êtes réputé proche de François Compaoré. Que pensez-vous de sa probable extradition ?

 

Je suis proche également du président Roch Marc Christian Kaboré, de Simon Compaoré, de Blaise Compaoré, du général Diendéré, de Zida, de Tahirou Barry et même de vous.

 

Ce n’est pas la même proximité quand même !

 

Je laisse la justice faire son travail. Moins on va parler de justice et plus elle va se réaliser. Si nous intervenons, on dira que nous faisons une pression sur la justice.

 

Vous avez une réputation de frimeur patenté. Les vicissitudes de la vie ne vous ont-elles pas assagi ?

 

Je ne sais pas ce que vous entendez par frimeur. Il va falloir que vous me redéfinissiez le mot. Ce que je suis, c’est ma personnalité. Si je veux porter une bague, je la porte. Si je ne veux pas, je ne la porte pas. Ce n’est pas parce que je porte une bague et que vous n’en portez pas que vous conclurez que je frime. Je ne sais vraiment pas sur quoi vous vous basez pour dire qu’Eddie Komboïgo est un frimeur. Si j’ai posé des actes qui sont critiquables, que l’on me le dise parce que je suis réceptif aux critiques.

Moi, je m’attendais de vous à des questions plus professionnelles qui montrent que vous vous souciez de la gestion du pays que de l’habit que porte Eddie.

 

En tant qu’homme d’affaires, ne regrettez-vous pas d’avoir mis les pieds dans l’arène politique ? 

 

C’est un choix. Ma conscience m’a plusieurs fois interpellé, pas sur ce que je suis ou sur ce que je gagne, mais sur ce que l’ensemble de la population gagne et sur nos relations bilatérales avec l’Occident, de la colonisation à maintenant. Nous voulons rééquilibrer les choses ou les laisser telles quelles ? Si nous voulons rééquilibrer les choses, il faut que chacun se donne. Lorsque je regarde la brave paysanne de Yako, au bord du barrage Oumarou Kanazoé, qui trime avec une daba pour avoir à manger un peu, et peut-être une seule fois dans la journée, il y a de quoi réfléchir. Elle a un outil moyenâgeux, la daba, à la main droite, et à sa gauche, elle a le téléphone portable, une technologie des temps modernes avec des facilités. Avec son téléphone, elle peut rester à Yako et téléphoner à son fils ; mieux elle peut lui envoyer des photos via les réseaux sociaux. Vous imaginez combien de nuits blanches des gens ont passées pour y arriver ? Ils ont simplifié le téléphone pour que ceux qui n’ont même pas fait l’école puissent l’utiliser. Nous, nous devons tout simplement changer l’outil de production du paysan et renforcer sa capacité de production. Est-ce qu’en tant qu’intellectuels, on peut voir que ce minimum, nous ne l’avons pas  et rentrer dormir sur nos lauriers ? Non ! Ma conscience m’interpelle ! Voilà les raisons de mon … Lire la suite sur l’Observateur Paalga

Burkina : La sous-section CDP de Saaba souhaite le retour de Blaise Compaoré

C’est ce dimanche 21 janvier 2018 que la sous-section du CDP (Congrès pour la démocratie et le progrès) de la commune de Saaba a choisi pour présenter ses vœux. L’un de ses souhaits est le suivant : « que 2018 soit l’année de retour du père fondateur », entendez par là Blaise Compaoré.

Le dimanche 21 janvier 2018 a été choisi par la sous-section du CDP de la commune de Saaba pour présenter les vœux de l’année 2018. Il faut noter que lors de cette cérémonie, le souhait le plus fredonné par les militants de l’ex-parti au pouvoir est de voir l’ancien président Blaise Compaoré revenir au Burkina.

A ce sujet, le président des jeunes du CDP Saaba, Tiendrebeogo Mahamadi, a souhaité que les premiers responsables en charge de la jeunesse lancent un appel afin que jeunes du Burkina expriment le désir de voir « le président Blaise Compaoré revenir au pays ». Il a également ajouté que l’ex-président « est leur tout». Enfin, il a réaffirmé l’attachement des jeunes de Saaba au parti.

Pour Yerbanga Martin, représentant du secrétaire général de la sous-section, c’est dans un esprit de solidarité et de renforcement des liens que se tient cette activité. Il a souhaité plus d’entente et de cohésion au sein des structures du CDP. Il annonce que le  défi à relever est de travailler « à ce que 2020 soit l’année du CDP, pour que le parti puisse reprendre la place qui est la sienne ».

Aimé KPODA

 

Burkina24.com

Djibrill Bassolé:«(…) rien n’est perdu pour le Burkina Faso»

Ceci est le message du général Djibrill Bassolé à l’endroit des militants de la Nouvelle Alliance du Faso (NAFA) à l’occasion de leur premier congrès ordinaire qui s’est tenu du 19 au 20 janvier 2018

Chers sœurs et frères de la NAFA ;
Chers amis ;
Chers sympathisants de la NAFA ;

Il m’est particulièrement agréable de vous présenter mes sincères félicitations à l’occasion de la tenue du premier congrès ordinaire de la NAFA. La tenue de ce congrès en elle-même est la démonstration la plus édifiante de la vitalité du parti et de votre engagement à poursuivre les idéaux que vous vous êtes fixés à la création de la NAFA il y a trois (03) ans.

Pour l’histoire, il convient de rappeler que c’est aux lendemains des mouvements de révoltes populaires des 30 et 31 octobre 2014 auxquels, certains d’entre vous avaient pris part activement, que courageusement, vous avez décidé de vous organiser au sein d’une nouvelle formation politique.

Vous étiez conscients alors des causes profondes de la crise sociale et politique qui a conduit à l’insurrection populaire ainsi que les aspirations légitimes de la jeunesse insurgée. Ces jeunes du Burkina Faso, dont plusieurs sont ici présents, aspiraient ardemment à un changement qualitatif dans la gouvernance politique et économique de notre pays pour, espéraient-ils, sortir de la précarité qui caractérisait leurs conditions de vie.

La création de la NAFA a répondu ainsi à l’impérieuse nécessité d’offrir à notre jeunesse anxieuse, un cadre politique d’expression et de réalisation de leurs ambitions légitimes eu égard aux enseignements historiques que le mouvement insurrectionnel imposait désormais à la classe politique toute entière.

Chers sœurs et frères ;
Chers amis ;
Chers sympathisants de la NAFA ;

Je voudrais également vous féliciter pour avoir, avec persévérance, traversé les intempéries qui n’ont pas manqué de perturber l’atmosphère politique post-insurrectionnelle, en particulier lorsque vous aviez jugé qu’ensemble, sous ma direction, nous pourrions travailler à relever les obstacles qui se dressent à nous pour l’épanouissement social et économique de tous.

C’est dans ce sens que, conscients de l’urgence vitale de préserver l’unité nationale et la cohésion sociale, vous vous êtes résolument engagé à lutter contre l’exclusion et l’arbitraire qui vous ont été systématiquement imposés au nom du peuple burkinabè. C’est le lieu pour moi, de rendre un hommage appuyé à notre vaillante militante, notre regrettée sœur, Awa TRAORE, qui a perdu la vie au cours des manifestations du 07 avril 2015. Je rends hommage également à l’héroïsme de Sita OUATTARA et du premier Président de la NAFA, Rasmané OUEDRAOGO ainsi que bien d’autres qui ont fait la prison à Bobo Dioulasso et à Ouagadougou. J’ai enfin une pensée pieuse à l’endroit de notre frère Adams KIEMA qui est contraint à l’exil aujourd’hui.

Ils ont tous eu tort d’avoir eu raison trop tôt. Pour paraphraser le Général De Gaule s’adressant aux Français au lendemain de la seconde Guerre Mondiale, je puis vous dire ceci : « il n’est que de vous voir mes amis, il n’est que de vous voir, pour montrer aux septiques et aux insulteurs que rien n’est perdu pour le Burkina Faso ».

Je voudrais enfin vous féliciter et vous témoigner toute ma gratitude pour l’exemplaire solidarité que vous avez manifestée à mon endroit tout au long de l’épreuve de privation de liberté que je subie. Sous le « manguier de la MACA » devenu célèbre, vous m’avez apporté du réconfort, de l’eau, de la nourriture. Vous m’avez apporté votre amitié et votre fidélité. Vos prières, vos supplications et vos sacrifices aujourd’hui encore me permettrons de connaitre des lendemains meilleurs avec le concours et la grâce du Tout-Puissant.

Vous avez tenu également dès les premiers instants, à vous mobiliser et à donner de la voix lorsque mes droits fondamentaux étaient violés de manière flagrante. Vous avez surtout été confortés dans votre lutte quand le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire a exigé, en juillet dernier, de l’État du Burkina Faso, qu’il soit mis fin à la privation de ma liberté que le Conseil des droits de l’homme à jugé manifestement illégale et arbitraire. Je vous en suis infiniment reconnaissant.

Puissent nos efforts conjugués, bannir à jamais l’injustice et l’arbitraire et garantir à tous les Burkinabè, la liberté et une justice équitable dans le strict respect des droits humains et de la légalité internationale.

Chers amis de la NAFA ;
Chers sympathisants ;

Le thème du présent congrès qui est : « La NAFA à l’heure du renforcement de la cohésion nationale, du dialogue social et de la sécurité », vous suggère de tourner résolument vos regards vers l’avenir. Tout en continuant à vous battre contre l’arbitraire et l’exclusion, ayez toujours à l’esprit de promouvoir le dialogue politique et social avec tous les acteurs de la classe politique et de la société civile. C’est cette capacité à dialoguer qui, seule, vous permettra de fédérer les énergies et les intelligences de vos concitoyens pour réaliser le consensus national autour de l’essentiel ; à savoir le développement social et économique du Burkina Faso.

Je sais chers sœurs et frères que vous êtes désireux de créer pour notre pays, les conditions d’un développement durable, inclusif et harmonieux. Dans ce sens, les réflexions et les actions que vous entreprendrez doivent s’orienter vers :

 L’éducation des enfants et la formation des jeunes ;
 Le rétablissement de l’ordre et le renforcement de la sécurité ;
 L’implication des Burkinabè de l’étranger dans tous les compartiments de la vie de la Nation.

Vous avez, de tout temps, placé l’école burkinabè au cœur de votre projet de société, persuadés que seule une ressource humaine de qualité dotée de savoir, de savoir-faire et de savoir-être, assurera la prospérité et la grandeur de notre Nation. Il vous appartient donc de rechercher et de soutenir les solutions qui permettront aux acteurs de notre système éducatif de dispenser le savoir à nos enfants des villes et des campagnes les plus reculées dans les meilleures conditions. La précarité des conditions de transmission et d’acquisition du savoir compromettra gravement nos chances et nos ambitions de former une jeunesse éveillée, capable de relever les défis d’un développement endogène durable.

Outre la promotion d’une ressource humaine consciente et bien formée, la NAFA doit œuvrer à créer un environnement de discipline et de sécurité. Pour ce faire, je vous invite à dépolitiser et à dépassionner le débat y relatif.

La polémique politicienne en matière d’insécurité, en particulier dans le domaine du terrorisme, pourrait affecter le moral des personnels militaires et paramilitaires engagés en première ligne du combat contre les forces du mal. Il nous faut, dans le cadre d’un consensus national, trouver des formules originales africaines et des ressources internes pour d’une part, neutraliser les groupes criminels terroristes et d’autre part, enrayer définitivement le phénomène de l’extrémisme violent, de la grande criminalité transfrontalière et locale. Tout comme l’éducation, l’ordre, la discipline et la sécurité sont une nécessité vitale pour l’édification d’une société prospère. Je vous invite par conséquent, à promouvoir une véritable culture de l’ordre et de la sécurité. C’est ainsi que vous pourrez aider nos vaillantes forces de défense et de sécurité à protéger nos personnes et nos biens.
Le renforcement de la cohésion nationale est aussi une condition de stabilité et de survie de notre Nation. C’est pourquoi l’implication des Burkinabè vivant à l’étranger, de tous les Burkinabè, dans tous les domaines d’activité devient cruciale. Lorsqu’en ma qualité de Ministre des Affaires étrangères, je lançais à Abidjan le 02 novembre 2013, l’opération de la nouvelle carte consulaire, le Gouvernement d’alors voulait faire du vote des Burkinabè de l’extérieur une réalité. Mais l’homme propose, Dieu dispose. Pour autant, les difficultés de mise en œuvre de ce projet ne doivent pas nous conduire à exclure les Burkinabè de l’étranger des processus électoraux. C’est pourquoi j’invite instamment la NAFA à se battre conformément à ses convictions pour que le vote de nos compatriotes résidents à l’étranger soit une réalité en 2020. La diaspora burkinabè reste attachée à son pays d’origine. La NAFA ne doit ménager aucun effort dans ce sens pour réserver à leurs compatriotes vivant à l’étranger la place qui leur revient de droit dans la vie de la Nation.
Chers amis de la NAFA ;

Je formule le vœu que la tenue de ce premier congrès dynamise l’implantation et le rayonnement du parti sur toute l’étendue du territoire national ainsi qu’à l’extérieur du pays. Votre ambition initiale de vaincre la pauvreté et la précarité des conditions de vie des Burkinabè exige de la détermination mais également une ouverture d’esprit. Vous devrez continuer à montrer de la détermination à surmonter tous les obstacles qui se dressent sur le gigantesque chantier de développement durable.

Votre ouverture d’esprit favorisera le dialogue avec tous les Burkinabè afin qu’ensemble, nous réalisons l’indispensable cohésion nationale qui donnera plus de force et d’efficacité à l’œuvre nécessairement commune de la construction nationale du Burkina Faso. Aucun bras ne sera de trop. Pour ce faire, il est indispensable que vous luttiez pour enraciner la culture du dialogue et les valeurs républicaines afin de faire émerger un environnement de paix, de justice, de tolérance et de pardon quand il le faut. Vous devrez œuvrer à réconcilier la classe politique et à rendre la vie politique vertueuse.

J’exhorte vivement tous les anciens de ma génération, tous ceux qui ont animé les organisations militantes des années 70 et 80, tous les protagonistes et les sympathisants de la révolution sankariste, à s’entendre dans un sursaut collectif, pour établir un bilan globalement positif sans complaisance, de toutes ces années d’engagement politique et de dur labeur. C’est ainsi que nous mettrons convenablement le pied des jeunes générations à l’étrier politique, afin de leur passer le relais dans la paix et l’harmonie en toute responsabilité. Si nous réussissons ce changement de génération dans la gestion politique de l’État, nous irons à la retraite avec le sentiment d’avoir fait œuvre utile pour le Burkina Faso et l’Afrique.

Pour finir, je vous exhorte à faire de la NAFA un parti de jeunes engagés, parfaitement conscients des défis que le Burkina Faso doit relever pour gagner les grandes batailles du développement économique et social. L’éducation pour tous, la formation professionnelle et l’emploi effectif des jeunes doivent animer vos réflexions et bénéficier de votre génie créateur. Il est impératif pour nous, de rechercher des solutions idoines, adaptées à nos réalités, afin d’absorber la masse qualifiée de notre ressource humaine pour un développement harmonieux.

Osons ensemble tourner nos regards vers l’avenir ;
Défions ensemble les obstacles de notre développement ;
Progressons ensemble sur les durs sentiers de l’émergence d’une société moderne.
Longue vie à la NAFA !
Bonne réussite à son premier congrès !
Bonne et heureuse année 2018 !
Que le Tout-Puissant vous protège et guide vos pas !

Congrès de la NAFA : « L’asphyxie politique qui nous a été imposée…n’a pas eu d’effets sur notre détermination »

La Nouvelle Alliance du Faso (NAFA) tient son premier congrès ordinaire ce samedi 20 janvier 2018 à Ouagadougou sous le thème : « La NAFA à l’heure du renforcement de la cohésion nationale, du dialogue social et de la sécurité ». A l’ouverture de ce congrès, les congressistes ont fait la confidence qu’ils souhaiteraient  voir leur premier responsable, Djibril BASSOLE, être le candidat de la NAFA aux élections présidentielles prochaines.

Après sa création le 31 janvier 2015, la NAFA s’est hissé en tant que force politique sur l’échiquier national. Mais depuis sa naissance, ce parti a rencontré plusieurs difficultés avec l’arrestation et l’incarcération depuis 2015 du Général Djibril BASSOLE pour son implication présumée dans le cadre du putsch de septembre 2015. « L’asphyxie politique qu’on nous a été imposé après la naissance de notre parti n’a pas eu d’effets sur notre détermination à marcher vers la réussite », assure François BACYE, Secrétaire Général du parti.

Ainsi, après trois années d’existence, la NAFA tient son tout premier congrès « statutaire » ordinaire. La tenue de ce congrès est la preuve, selon les militants du parti, que la NAFA vit « partout, pour tous et pour toujours ». Ainsi, ce congrès sera le lieu pour les congressistes de revisiter les textes fondamentaux du parti, de donner les nouvelles orientations du parti et de le redynamiser à nouveau. « Il y aura une mise en place d’une nouvelle direction du parti à cause de la démission du président du Rasmané Ouédraogo des instances du parti. Il y aura également un nouveau bureau politique national, un bureau exécutif et un nouvel organe du parti appelé conseil national », a soutenu Mamadou DICKO, président intérimaire de la NAFA. Aussi, ce congrès, à l’en croire,  sera également le lieu de faire le bilan, de discuter de la vie du parti et de lui donner une nouvelle orientation.

L’absence des partis de la majorité présidentielle au congrès

Sur l’affaire dite de Djibril BASSOLE, les congressistes implorent la bonté des acteurs judiciaires à diligenter leurs actions pour que justice soit faite à leur candidat afin qu’il puisse les représenter aux élections présidentielles prochaines. Pour le moment, les militants du parti ne perdent pas espoir. « Nous nous soumettons aux décisions de la justice mais il (Djibril BASSOLE) est et reste le leader de notre parti, en tant que mentor, il reste le candidat de notre parti. Nous souhaitons que Dieu nous aide, que Dieu l’aide et que Dieu aide le Burkina pour qu’en 2020 il puisse être notre candidat et que nous puissions le porter à Kosyam », soutient le président intérimaire du parti.Un fait a marqué ce congrès. C’est l’absence des partis de la majorité présidentielle même si les congressistes rassurent que l’invitation leur a été transmise. « Nous avons invité tous les partis politiques dont nous avions les adresses y compris le parti au pouvoir. Nous avons invité tous les partis membres du CFOP ou les partis qui sont dans la dynamique de la mouvance présidentielle », a confié Mamadou DICKO. Plusieurs partis membres de l’opposition politique, de la Coalition pour la Démocratie et la Réconciliation (CODER) ont apporté leur soutien aux militants et sympathisants de la NAFA par leur présence au congrès. Les responsables de ces partis ont exhorté les congressistes à toujours garder le courage et la détermination pour la construction d’un Burkina nouveau et pour les échéances politiques prochaines. Le parti au pouvoir n’a pas été représenté mais l’importance pour les congressistes c’est de repenser la vie de leur partie pour un lendemain meilleur.

Djibril BASSOLE depuis sa résidence surveillée, s’adresse à ces sympathisants et militants

Djibril BASSOLE, bien qu’absent à ce congrès, a adressé son message aux congressistes. Un message qui a été lu par Aziz DABO, membre du Bureau politique de la NAFA. Un message qui donne espoir aux militants du parti. Dans ce message, Djibril BASSOLE a exhorté les congressistes à faire de la NAFA « un parti de jeunes engagés, parfaitement conscients des défis que le Burkina Faso doit relever pour gagner les grandes batailles du développement économique et social ». Il les a aussi invités à agir dans l’unité pour donner plus de force au parti.

Armand Kinda

Infowakat.net

Fronde sociale : « Il y a des gens qui ont besoin d’éducation pour éviter qu’ils aient une vie blanche », Bassolma BAZIE

Sur ses prises de positions souvent jugées « radicales » dans la fronde sociale qui secoue le régime actuel. M. BAZIE est victime de critiques souvent acerbes sur les réseaux sociaux et mieux dans l’opinion nationale. Il est traité de tous les noms de diable par certaines personnes qui estiment qu’il ne lutte que pour fragiliser le régime en place. Les critiques vont de tout bord mais. Chacun lui colle le qualificatif qu’il veut. « Radical », « flexible », « corrompu », sont autant de termes qui qualifient le « général » comme il est affectueusement appelé par ces sympathisants. Tout compte fait, Bassolma BAZIE ne s’attend pas aux félicitations de ses détracteurs mais plutôt à ceux des travailleurs qu’il défend. Mieux, il pense qu’ « il y a des gens qui ont besoins d’éducation pour éviter qu’ils aient une vie blanche ».

Une défense sans faille que promet Bassolma BAZIE aux travailleurs. Pour ce faire, il leur donne l’assurance que la CGT-B va se battre « vaille que vaille » pour le renforcement de l’unité des travailleurs. « Nous allons nous battre et consentir les sacrifices qu’il faut pour qu’il n’y ait pas des tentatives politiques possibles d’amoindrir, de diviser voir de liquider l’Unité d’action syndicale (UAS) qui est une force essentielle », a lancé le général BAZIE à la presse. Dans cette posture de la lutte pour les intérêts matériels et moraux des travailleurs, la position de la CGT-B n’est pas monnayable selon lui.

« Le comportement que nous avons dans la défense ferme des acquis des travailleurs, de la liberté, de l’intégrité, de l’approfondissement de la démocratie dans notre pays, nos positions ne sont pas monnayables », prévient-il.

« La flexibilité ou non de BAZIE Bassolma, le radicalisme ou non de BAZIE Bassolma, ça dépend de qui les prononce »

Bassolma BAZIE n’est pas apprécié dans certaines de ses prises de position sur les sujets qui ont trait à la lutte syndicale.  Mais le général ne veut pas plaire à tout le monde. Pour cela pense-t-il qu’il y a des gens dans la vie dont les félicitations lui feront douter de sa crédibilité aux yeux de tous.  « Si moi je reçois des félicitations de certaines personnes notamment classées comme des ennemis des travailleurs, les militants de la CGT-B doivent même réfléchir par deux fois », soutient-il avant d’indiquer qu’il serait difficile pour une personne crédible de choisir la voie  de la vérité et de vouloir aussi choisir la voie de la complaisance.

« Si nous renonçons à la mission qui nous a été confiée par peur ou parce qu’on veut jeter un clin d’œil quelque part parce qu’il y a à manger, l’histoire va retenir et l’histoire va nous juger », ajoute Bassolma BAZIE. Alors, qu’il soit qualifié de flexible ou de radicalisé, tout cela dépend celui qui utilise ces qualificatifs, dit-il. « Je ne m’attends pas à ce que quelqu’un s’assoit sur un fauteuil législatif ou ministériel, encore moins présidentiel pour dire que BAZIE Bassolma est bon. Il est bon dans quel sens ? Parce que moi j’ai trahi les travailleurs ? Je ne le ferai pas ! Sur cette base, Bassolma sera flexible et maniable si les positions que tu amènes vers moi sont des positions qui confortent les positions des travailleurs, des positions de dignité, d’intégrité, sont des positions qui approfondissent la démocratie », prévient-il.

« Il y a des gens qui ont besoins d’éducation pour ne pas qu’ils aient une vie blanche »

Le général pense qu’il y a des gens qui n’ont jamais été crédibles dans la vie. Il estime que chaque personne doit respecter sa parole. Pour ces personnes qui reviennent quelques années plus tard pour mettre en cause leurs propos, M. BAZIE pense que ces personnes « insultent » ceux qui les ont éduqués.  « Un homme doit assumer », assène-t-il. Ainsi, pense-t-il qu’« il y a des gens qui ont besoins d’éducation pour ne pas qu’ils aient une vie blanche ».

Pour une bonne qualité du dialogue sociale, Bassolma BAZIE estime qu’il faut aussi une bonne qualité des acteurs (qui composeront ce cadre) pour faire en sorte que ce dialogue puisse s’approfondir parce que, réalise-t-il, « le peuple et les travailleurs burkinabè méritent mieux ». « On ne doit pas les trahir. Il faut que les positions que nous prenons soient en conformité avec la mission qui nous a été assignée », ajoute-il.

Armand Kinda

Infowakat.net

NAFA : Le professeur Mamoudou Dicko désigné président

Le professeur Mamoudou Dicko a été désigné ce samedi 20 janvier 2018, président de la Nouvelle Alliance du Faso (NAFA), le parti du général Djibrill Bassolé, à l’issue de leur premier congrès statutaire tenu à Ouagadougou.

Le premier congrès de la NAFA qui a permis de revisiter les textes fondamentaux, du parti, afin de le redynamiser, a été également une occasion pour renouveler les instances dirigeantes de cette formation politique qui a trois ans d’existence.

C’est ainsi que 67 membres du nouveau Bureau exécutif national ont été élu. M. Dicko qui a assuré l’intérim de la présidence du parti, après la démission du premier responsable Rasmané Ouédraogo, a été choisi pour présider ce bureau.

Hippolyte Ouédraogo quant à lui, est élu secrétaire général et Adama Kiéma est désigné secrétaire exécutif national adjoint, chargé des Burkinabè de l’étranger.

Quant au nouvel organe annoncé, le conseil national, 15 membres ont été choisis pour le composé.

Par Daouda ZONGO

 

Wakatsera.com

Le rêve de Tahirou Barry

Ceci est un message de Tahirou Barry, ancien ministre de la culture, publié ce lundi 22 janvier 2018 sur sa page Facebook.

Le rêve de Tahirou Barry

Le président du Faso m ’a invité dans sa residence pour me proposer le poste de Premier Ministre. Après de longs échanges, j ’ai dit au président que je donnerai mon accord s’il me permet ,dans un contrat de six mois, de réaliser les dix opérations suivantes :

1. Nomination de 15 ministres compétents intègres et audacieux dont trois ministres d’ État.( défense nationale, éducation et culture ) ;

2. Suppression de toutes les institutions dites « hautes » ainsi que le CES et partage de leurs attributions aux structures publiques et coutumières déjà existantes ;

3. Suppression des gouvernorats et préfectures et renforcement des moyens alloués aux conseils généraux et mairies ;

4. Lancement d’une vaste opération de casier vide des juridictions avec tous les moyens conséquents et démantèlement des réseaux et sanctuaires de fraude et de détournements après enquête internationale sérieuse ;

5. Diagnostic sans complaisance et révision du PNDES ;

6. Révision de la loi de finances 2018 pour augmenter la dotation budgétaire de l’éducation à 30% au lieu de 19,agriculture à 20% au lieu de 13, culture et tourisme à 10% au lieu de 0.6 et institution d’ un impôt de solidarité au profit des couches vulnérables ;

7. Satisfaction des préoccupations syndicales pressantes et indispensables à l ’exécution du service public et négociations d’ une trêve sociale d’au moins 3 ans ;

8. Operationnalisation immédiate de la loi de programmation budgétaire ;

9. Mise en place d’ un fonds autonome de 100 milliards au profit des jeunes ruraux et urbains organisés par groupe d’au moins 5 autour de projets structurants avec assistance d’accélérateurs de business et de conseils ;

10. Mise en place d’un fonds de roulements pour entreprise en difficulté de 100 milliards pour se restructurer .

Après un instant de réflexion, le président poussa un grand soupir et me dit : »Mon beau, je vais regarder « .

Quand j’entendis REGARDER, je me suis RÉVEILLÉ en sursauts.

Ce n ’était donc qu’un rêve. Je n ’ai point l’ intention d ’être PM. Toutefois si le président et son parti décident, il peut confier l’exécution de ces 10 points à l’une ou l’un des milliers de patriotes compétents de notre Faso sauf si ce rêve est considéré comme le cauchemar d’un soûlard désœuvré.

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NAFA : Le 1er congrès accouche d’une « nouvelle dynamique »

Le Nouvelle Alliance du Faso (NAFA) a organisé, les 19 et 20 janvier 2018 à Ouagadougou, son premier congrès ordinaire autour du thème : « La NAFA à l’heure du renforcement de la cohésion nationale, du dialogue social et de la sécurité ». Les participants, venus de l’ensemble du territoire nationale et de la diaspora, ont fait un toilettage des textes fondamentaux et organes du parti, procédé à la mise en place d’une nouvelle direction politique nationale et pris de nouveaux engagements face aux défis futurs.

NAFA : Le 1er congrès accouche d’une « nouvelle dynamique »Aux termes des travaux, les congressistes ont confirmé Pr Mamoudou Hama Dicko au poste de premier responsable du parti (jusque-là 2ème vice-président, il est passé président par intérim du parti depuis la démission du président Rasmané Ouédraogo en septembre 2017).

L’organe dirigeant change de dénomination pour s’appeler désormais Secrétariat exécutif national. Le premier responsable de la NAFA, Pr Mamoudou Hama Dicko, prend donc le titre de Secrétaire exécutif national. Outre un réajustement au niveau du bureau politique national, le congrès a créé une nouvelle instance, appelée Conseil national (organe de consultation), dotée de quinze membres.

Pour le premier responsable entrant de la NAFA, la « forte mobilisation » (environ 1 500 congressistes, selon les organisateurs) témoigne de la loyauté de l’ensemble des militants non seulement à leur parti, mais également au leader du parti, Djibrill Bassolé. Mieux, les responsables du parti, qui disent faire confiance à la justice burkinabè, misent sur l’ancien ministre des affaires étrangères, Djibrill Bassolé, pour la présidentielle de 2020 (convaincus que leur leader est victime d’un otage politique du pouvoir).

« C’est le lieu et l’occasion ici pour notre parti, d’insister et d’appeler tous les burkinabè, quel que soit leurs bords politiques à œuvrer pour la réconciliation nationale. Ceci est une nécessité dans la mesure où rien de bon ne peut se construire dans une nation divisée où la haine, la vengeance, la méchanceté, la mesquinerie, l’arrogance et la suffisance sont érigés en mode de gouvernance. L’expérience d’ailleurs d’un passé récent avec certains acteurs de la transition nous démontre toute la sagesse qui doit guider chacun dans la gestion du pouvoir d’état », a lancé le secrétaire exécutif national de la NAFA, Pr Dicko.

La diaspora en ligne de mire !

La consolidation du parti (4ème force politique : deux députés, 453 conseillers municipaux dans 96 communes et cinq mairies, treize conseillers régionaux et trente-trois présidents de commissions) en termes de suffrages, selon les responsables) sur l’échiquier national et le maillage avec la diaspora sont également identifiés par les congressistes comme défi immédiat à relever.

Pour le secrétaire exécutif national de la NAFA, le vote des Burkinabè de la diaspora doit être effectif dès 2020 (et pour le référendum, si référendum il doit y avoir). « On a tellement reporté (le vote), qu’actuellement on doit y aller. Il faut vraiment tenir les promesses, en faisant en sorte que les Burkinabè de l’étranger puissent voter en 2020. D’ailleurs, dans les dispositions du code électoral actuel, c’est clairement dit que le vote des Burkinabè de l’étranger prend effet à partir de 2015. Ça fait combien d’années maintenant que certains partis politiques veulent esquiver cela ? Pourtant, ils (Burkinabè de la diaspora) contribuent au développement du Burkina ! Quel est le pourcentage des Burkinabè qui vivent à l’étranger, quelle est leur part de contribution au développement du Burkina ? Peut-on imaginer à ce jour un Burkina sans sa diaspora ? », a enchaîné Pr Mamoudou Hama Dicko avant s’annoncer : « Nous nous battrons pour que les Burkinabè de l’étranger puissent voter ».

Lefaso.net


Encadré :

Adresse du Général Bassolé à l’occasion du Congrès (lu à la cérémonie d’ouverture)

Chers sœurs et frères de la NAFA ;
Chers amis ;
Chers sympathisants de la NAFA ;

Il m’est particulièrement agréable de vous présenter mes sincères félicitations à l’occasion de la tenue du premier congrès ordinaire de la NAFA. La tenue de ce congrès en elle-même est la démonstration la plus édifiante de la vitalité du parti et de votre engagement à poursuivre les idéaux que vous vous êtes fixés à la création de la NAFA il y a trois (03) ans.

Pour l’histoire, il convient de rappeler que c’est aux lendemains des mouvements de révoltes populaires des 30 et 31 octobre 2014 auxquels, certains d’entre vous avaient pris part activement, que courageusement, vous avez décidé de vous organiser au sein d’une nouvelle formation politique.

Vous étiez conscients alors des causes profondes de la crise sociale et politique qui a conduit à l’insurrection populaire ainsi que les aspirations légitimes de la jeunesse insurgée. Ces jeunes du Burkina Faso, dont plusieurs sont ici présents, aspiraient ardemment à un changement qualitatif dans la gouvernance politique et économique de notre pays pour, espéraient-ils, sortir de la précarité qui caractérisait leurs conditions de vie.

La création de la NAFA a répondu ainsi à l’impérieuse nécessité d’offrir à notre jeunesse anxieuse, un cadre politique d’expression et de réalisation de leurs ambitions légitimes eu égard aux enseignements historiques que le mouvement insurrectionnel imposait désormais à la classe politique toute entière.

Chers sœurs et frères ;
Chers amis ;
Chers sympathisants de la NAFA ;

Je voudrais également vous féliciter pour avoir, avec persévérance, traversé les intempéries qui n’ont pas manqué de perturber l’atmosphère politique post-insurrectionnelle, en particulier lorsque vous aviez jugé qu’ensemble, sous ma direction, nous pourrions travailler à relever les obstacles qui se dressent à nous pour l’épanouissement social et économique de tous.

C’est dans ce sens que, conscients de l’urgence vitale de préserver l’unité nationale et la cohésion sociale, vous vous êtes résolument engagé à lutter contre l’exclusion et l’arbitraire qui vous ont été systématiquement imposés au nom du peuple burkinabè. C’est le lieu pour moi, de rendre un hommage appuyé à notre vaillante militante, notre regrettée sœur, Awa TRAORE, qui a perdu la vie au cours des manifestations du 07 avril 2015. Je rends hommage également à l’héroïsme de Sita OUATTARA et du premier Président de la NAFA, Rasmané OUEDRAOGO ainsi que bien d’autres qui ont fait la prison à Bobo Dioulasso et à Ouagadougou. J’ai enfin une pensée pieuse à l’endroit de notre frère Adams KIEMA qui est contraint à l’exil aujourd’hui.

Ils ont tous eu tort d’avoir eu raison trop tôt. Pour paraphraser le Général De Gaule s’adressant aux Français au lendemain de la seconde Guerre Mondiale, je puis vous dire ceci : « il n’est que de vous voir mes amis, il n’est que de vous voir, pour montrer aux septiques et aux insulteurs que rien n’est perdu pour le Burkina Faso ».

Je voudrais enfin vous féliciter et vous témoigner toute ma gratitude pour l’exemplaire solidarité que vous avez manifestée à mon endroit tout au long de l’épreuve de privation de liberté que je subie. Sous le « manguier de la MACA » devenu célèbre, vous m’avez apporté du réconfort, de l’eau, de la nourriture. Vous m’avez apporté votre amitié et votre fidélité. Vos prières, vos supplications et vos sacrifices aujourd’hui encore me permettrons de connaitre des lendemains meilleurs avec le concours et la grâce du Tout-Puissant.

Vous avez tenu également dès les premiers instants, à vous mobiliser et à donner de la voix lorsque mes droits fondamentaux étaient violés de manière flagrante. Vous avez surtout été confortés dans votre lutte quand le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire a exigé, en juillet dernier, de l’État du Burkina Faso, qu’il soit mis fin à la privation de ma liberté que le Conseil des droits de l’homme à jugé manifestement illégale et arbitraire.

Je vous en suis infiniment reconnaissant.
Puissent nos efforts conjugués, bannir à jamais l’injustice et l’arbitraire et garantir à tous les Burkinabè, la liberté et une justice équitable dans le strict respect des droits humains et de la légalité internationale.

Chers amis de la NAFA ;
Chers sympathisants ;

Le thème du présent congrès qui est : « La NAFA à l’heure du renforcement de la cohésion nationale, du dialogue social et de la sécurité », vous suggère de tourner résolument vos regards vers l’avenir. Tout en continuant à vous battre contre l’arbitraire et l’exclusion, ayez toujours à l’esprit de promouvoir le dialogue politique et social avec tous les acteurs de la classe politique et de la société civile. C’est cette capacité à dialoguer qui, seule, vous permettra de fédérer les énergies et les intelligences de vos concitoyens pour réaliser le consensus national autour de l’essentiel ; à savoir le développement social et économique du Burkina Faso.
Je sais chers sœurs et frères que vous êtes désireux de créer pour notre pays, les conditions d’un développement durable, inclusif et harmonieux. Dans ce sens, les réflexions et les actions que vous entreprendrez doivent s’orienter vers :

 L’éducation des enfants et la formation des jeunes ;
 Le rétablissement de l’ordre et le renforcement de la sécurité ;
 L’implication des Burkinabè de l’étranger dans tous les compartiments de la vie de la Nation.

Vous avez, de tout temps, placé l’école burkinabè au cœur de votre projet de société, persuadés que seule une ressource humaine de qualité dotée de savoir, de savoir-faire et de savoir-être, assurera la prospérité et la grandeur de notre Nation. Il vous appartient donc de rechercher et de soutenir les solutions qui permettront aux acteurs de notre système éducatif de dispenser le savoir à nos enfants des villes et des campagnes les plus reculées dans les meilleures conditions. La précarité des conditions de transmission et d’acquisition du savoir compromettra gravement nos chances et nos ambitions de former une jeunesse éveillée, capable de relever les défis d’un développement endogène durable.

Outre la promotion d’une ressource humaine consciente et bien formée, la NAFA doit œuvrer à créer un environnement de discipline et de sécurité. Pour ce faire, je vous invite à dépolitiser et à dépassionner le débat y relatif.

La polémique politicienne en matière d’insécurité, en particulier dans le domaine du terrorisme, pourrait affecter le moral des personnels militaires et paramilitaires engagés en première ligne du combat contre les forces du mal. Il nous faut, dans le cadre d’un consensus national, trouver des formules originales africaines et des ressources internes pour d’une part, neutraliser les groupes criminels terroristes et d’autre part, enrayer définitivement le phénomène de l’extrémisme violent, de la grande criminalité transfrontalière et locale. Tout comme l’éducation, l’ordre, la discipline et la sécurité sont une nécessité vitale pour l’édification d’une société prospère. Je vous invite par conséquent, à promouvoir une véritable culture de l’ordre et de la sécurité. C’est ainsi que vous pourrez aider nos vaillantes forces de défense et de sécurité à protéger nos personnes et nos biens.

Le renforcement de la cohésion nationale est aussi une condition de stabilité et de survie de notre Nation. C’est pourquoi l’implication des Burkinabè vivant à l’étranger, de tous les Burkinabè, dans tous les domaines d’activité devient cruciale. Lorsqu’en ma qualité de Ministre des Affaires étrangères, je lançais à Abidjan le 02 novembre 2013, l’opération de la nouvelle carte consulaire, le Gouvernement d’alors voulait faire du vote des Burkinabè de l’extérieur une réalité. Mais l’homme propose, Dieu dispose. Pour autant, les difficultés de mise en œuvre de ce projet ne doivent pas nous conduire à exclure les Burkinabè de l’étranger des processus électoraux. C’est pourquoi j’invite instamment la NAFA à se battre conformément à ses convictions pour que le vote de nos compatriotes résidents à l’étranger soit une réalité en 2020. La diaspora burkinabè reste attachée à son pays d’origine. La NAFA ne doit ménager aucun effort dans ce sens pour réserver à leurs compatriotes vivant à l’étranger la place qui leur revient de droit dans la vie de la Nation.

Chers amis de la NAFA ;

Je formule le vœu que la tenue de ce premier congrès dynamise l’implantation et le rayonnement du parti sur toute l’étendue du territoire national ainsi qu’à l’extérieur du pays. Votre ambition initiale de vaincre la pauvreté et la précarité des conditions de vie des Burkinabè exige de la détermination mais également une ouverture d’esprit. Vous devrez continuer à montrer de la détermination à surmonter tous les obstacles qui se dressent sur le gigantesque chantier de développement durable.

Votre ouverture d’esprit favorisera le dialogue avec tous les Burkinabè afin qu’ensemble, nous réalisons l’indispensable cohésion nationale qui donnera plus de force et d’efficacité à l’œuvre nécessairement commune de la construction nationale du Burkina Faso. Aucun bras ne sera de trop. Pour ce faire, il est indispensable que vous luttiez pour enraciner la culture du dialogue et les valeurs républicaines afin de faire émerger un environnement de paix, de justice, de tolérance et de pardon quand il le faut. Vous devrez œuvrer à réconcilier la classe politique et à rendre la vie politique vertueuse.

J’exhorte vivement tous les anciens de ma génération, tous ceux qui ont animé les organisations militantes des années 70 et 80, tous les protagonistes et les sympathisants de la révolution sankariste, à s’entendre dans un sursaut collectif, pour établir un bilan globalement positif sans complaisance, de toutes ces années d’engagement politique et de dur labeur. C’est ainsi que nous mettrons convenablement le pied des jeunes générations à l’étrier politique, afin de leur passer le relais dans la paix et l’harmonie en toute responsabilité. Si nous réussissons ce changement de génération dans la gestion politique de l’État, nous irons à la retraite avec le sentiment d’avoir fait œuvre utile pour le Burkina Faso et l’Afrique.

Pour finir, je vous exhorte à faire de la NAFA un parti de jeunes engagés, parfaitement conscients des défis que le Burkina Faso doit relever pour gagner les grandes batailles du développement économique et social. L’éducation pour tous, la formation professionnelle et l’emploi effectif des jeunes doivent animer vos réflexions et bénéficier de votre génie créateur. Il est impératif pour nous, de rechercher des solutions idoines, adaptées à nos réalités, afin d’absorber la masse qualifiée de notre ressource humaine pour un développement harmonieux.
Osons ensemble tourner nos regards vers l’avenir ;
Défions ensemble les obstacles de notre développement ;
Progressons ensemble sur les durs sentiers de l’émergence d’une société moderne.

Longue vie à la NAFA !
Bonne réussite à son premier congrès !
Bonne et heureuse année 2018 !
Que le Tout-Puissant vous protège et guide vos pas !